Politique

Un début de mandat sous tension pour Friedrich Merz – Euractiv FR

Une situation politique inédite a secoué le Bundestag mardi 6 mai lorsque Friedrich Merz, candidat de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), n’a pas obtenu la majorité requise pour devenir chancelier au premier tour de vote. Bien qu’il ait été élu au second tour, cet incident a mis en lumière les premières fractures au sein de sa coalition.

La présidente du parlement allemand, Julia Klöckner, est apparue très grave lorsqu’elle a annoncé le résultat du premier tour — un vote qui devait être une formalité mais qui a finalement tourné au fiasco.

Les mots qu’elle a prononcés mardi 6 mai dans la matinée étaient sans précédent dans l’histoire moderne de la République fédérale : « Friedrich Merz n’a pas obtenu la majorité requise d’au moins 316 voix. […] Il n’est pas élu chancelier de la République fédérale d’Allemagne ».

Les députés semblaient sous le choc. Assis au premier rang, Friedrich Merz griffonnait sur un bout de papier sans lever les yeux. Jamais auparavant le parlement n’avait rejeté un candidat à la chancellerie.

La coalition gouvernementale — composée de la CDU et de son parti frère bavarois, l’Union chrétienne-sociale (CSU), ainsi que du Parti social-démocrate (SPD) — dispose pourtant d’une majorité de 328 sièges qui aurait été largement suffisante pour confirmer le chancelier dès le premier tour.

Élu au deuxième tour plus tard dans la journée, Friedrich Merz a évité une catastrophe qui aurait pu mettre fin à sa carrière et plonger l’Allemagne dans le chaos politique. Mais cet épisode a tout de même porté un coup à sa crédibilité et remet en question sa capacité à rétablir la stabilité politique dans le pays.

L’extrême droite jubile

Les responsables de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti d’extrême droite, ont été les premiers à s’exprimer devant la presse à l’issue du premier tour.

La coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, a qualifié cet échec électoral de « bonne journée pour l’Allemagne ».

« [Frierich] Merz devrait démissionner immédiatement et ouvrir la voie à des élections anticipées », a-t-elle ajouté.

L’AfD avait dépassé les chrétiens-démocrates de Friedrich Merz dans certains sondages au cours des mois qui ont suivi les élections de février. C’est la première fois depuis l’ère nazie qu’un parti d’extrême droite peut se targuer d’être le parti le plus populaire d’Allemagne.

Les alliés de Friedrich Merz ont également pris conscience de l’atteinte à la confiance dans les partis centristes allemands et ont lancé des appels désespérés aux députés pour qu’ils agissent de manière responsable.

Pour Ralf Stegner, député de premier plan du Parti social-démocrate (SPD), « les extrémistes de droite sont les seuls gagnants » de cette situation.

« Tout est en jeu. Les commentaires moqueurs de l’AfD montrent exactement ce que cela a provoqué, et l’incertitude à l’étranger vient s’ajouter à cela », a affirmé de son côté Markus Söder, chef de la CSU.

Friedrich Merz avait précédemment affirmé qu’il mettrait fin à ce genre d’épisodes politiques. Il s’était souvent moqué de son prédécesseur, Olaf Scholz, et de sa coalition (composée du SPD, des libéraux du FDP et des Verts) encline aux luttes intestines.

Lundi 5 mai, Friedrich Merz avait promis aux Allemands un gouvernement qui « s’efforcerait d’être fiable dès le premier jour ». Mais la fiabilité de sa nouvelle coalition s’est avérée si fragile qu’elle a bien failli ne pas passer le cap du premier jour.

Des tensions latentes

Le vote a révélé les tensions latentes au sein de la coalition CDU-CSU-SPD. Le vote ayant été fait à bulletins secrets, tout le monde s’interroge sur l’identité des députés de ces partis qui ont fait défection et surtout pour quelles raisons ils l’ont fait.

Sa coalition dispose de douze députés de plus que la majorité absolue, une marge plus importante que celle dont bénéficiaient certains de ses prédécesseurs. Cependant, au premier tour, au moins 18 députés de la coalition n’ont pas voté pour Friedrich Merz.

L’hypothèse selon laquelle ces personnes cherchaient à envoyer « un avertissement » ou à « régler leurs comptes » avec le chancelier en devenir, comme l’a dit Markus Söder, ne semble guère farfelue.

Plusieurs membres de la CDU ont vivement réagi à l’accord de la coalition, dans le cadre duquel il s’engage à assouplir les règles strictes de l’Allemagne en matière de dette, qu’ils considéraient comme une concession excessive faite au SPD.

Au sein du SPD, Friedrich Merz et son style clivant suscitaient un certain malaise. Il s’était allié à l’extrême droite pour influencer un vote symbolique sur l’immigration avant les élections. D’autres se sont peut-être prononcés contre lui en contestation de la prise de pouvoir post-électorale de Lars Klingbeil, le nouveau vice-chancelier du SPD.

Auteur : Jasper Steinlein, Nick Alipour

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