Compagnonnage entre arts et sciences de la durabilité
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir n°939, daté mai 2025.
Nous avons participé à une école d’hiver, ou plutôt de début d’été considérant les températures aux Houches, face au mont Blanc, en cette mi-mars. Elle rassemblait artistes et scientifiques, seniors et étudiants, autour des défis posés par le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Pourquoi les sciences auraient-elles besoin des arts ?
Force est de constater que le seul partage des faits scientifiques s’avère impuissant pour déclencher les transformations vers des modes de vie bas carbone. Ce constat d’impuissance est d’autant plus criant que l’héritage des Lumières, sur lequel se fonde la science, est attaqué brutalement par des politiques réactionnaires et autoritaires aujourd’hui aux États-Unis et en Argentine, qui inondent l’espace de fausses informations pour noyer les faits. Il s’agit dès lors de convoquer les valeurs esthétiques, morales et politiques que les arts portent pour s’orienter autrement dans le futur.
À travers l’art, une pédagogie clandestine
Sébastien Dutreuil parle de « compagnonnage visant à une transformation ontologique ». Faire vivre une expérience sensible ; rire et pleurer ; faire un pas de côté, décaler les regards et surprendre ; mettre en mot, en mouvement pour expérimenter le vivant et l’énergie des interactions. À travers l’art, une pédagogie clandestine crée des imaginaires et des nouveaux récits incarnés de faire-société et de modes de vie durables.
Des masterclass le matin, des ateliers artistiques l’après-midi : cette école aura été inspirante pour partager les valeurs universalistes et progressistes qui lient sciences de la durabilité et arts. Ces liens sont si forts que lorsqu’un fasciste arrive au pouvoir, ce sont les scientifiques et les artistes qui le menacent, et ce sont eux qu’il faut broyer le plus rapidement possible.
Par Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), groupe 1. Et Céline Guivarch, directrice de recherche à l’École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec, groupe 3.
Auteur : Rédacteur
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