
A l’Emirates Stadium,
Ce mercredi matin, le PSG a fait la moitié du chemin censé l’emmener tout droit à Munich, le 26 mai prochain, en finale de la Ligue des champions. Mais s’il s’avance désormais dans le costume du favori, après son joli succès (1-0) sur la pelouse d’Arsenal, ce score étriqué laisse la porte ouverte à toutes les interprétations et tous les scénarios possibles. Peut-être même que cette équipe, si séduisante et solide mardi soir du côté de l’Emirates, se prendra les pieds dans le tapis et échouera une deuxième année de suite aux portes de la finale.
Magré ça, il sera difficile de nous enlever de l’idée que ce PSG-là est certainement l’équipe la plus kiffante à regarder jouer depuis que le Qatar en a pris les commandes en 2011. Il n’a peut-être pas la facilité du PSG de 2015-2016 qui écrasait tout sur son passage en Ligue 1 (mais se cassait irrémédiablement les dents sur la scène européenne), ni le clinquant de celui qui offrait au monde un trio semi-pornographique (sur le papier) Messi-Neymar-Mbappé, mais sur l’échelle du plaisir et des émotions procurées, le Paris Saint-Germain 2024-2025 est au-dessus de tout.
Une métamorphose qu’on n’avait pas vu venir
En s’imposant (1-0) mais avec la manière, mardi, contre Arsenal – une équipe qui terminera (très) bon deuxième de Premier League derrière l’intouchable Liverpool et qui s’est permis d’humilier le grand Real au tour précédent en C1 – Paris continue d’écrire l’une des plus belles pages européennes de son histoire. Après une première partie de saison loin d’être emballante, le PSG s’est métamorphosé en 2025 pour devenir, de l’avis de tous les spécialistes, l’une des équipes les plus sexy du continent en termes de jeu, et l’une des plus respectables en matière d’état d’esprit.
Sans tomber dans le cliché, et conformément à ce qu’avait souhaité son coach espagnol après le départ de Kylian Mbappé, la star du PSG, c’est l’équipe. Si certains joueurs sortent un peu plus du lot que les autres, à l’image d’Ousmane Dembélé, devenu mardi soir le deuxième joueur le plus décisif dans l’histoire du club en phase à élimination directe, à égalité avec Ibra (6 buts) mais encore loin derrière Mbappé (14), personne ne donne la sensation de vouloir se mettre en avant et sortir du lot.
Comme le disait Pacho en zone mixte, mardi, « on se sent comme une famille et ça se reflète sur le terrain ». « On a souffert comme une famille, comme un groupe soudé. On a attaqué ensemble, on a défendu ensemble. On fait tout ensemble, a-t-il poursuivi. Ça nous aide à nous améliorer. Je sais que, défensivement, tout le monde va aider, et offensivement c’est pareil. »
Une équipe solidaire dans l’effort
Que ce soit contre City en barrages, en janvier, contre Liverpool, Aston villa ou Arsenal, le PSG est devenu une véritable machine collective que rien ni personne ne semble pouvoir titiller. Les joueurs jouent chaque ballon comme si c’était le dernier avant la bombe nucléaire, ils intervertissent leur position sur le terrain comme s’ils avaient fait ça toute leur vie, ils se trouvent les yeux fermés dans un élégant ballet qui n’est pas sans rappeler une chorégraphie millimétrée sur la scène de l’opéra de Paris.
Pas mal critiqué (à raison, selon nous) en début de saison, comme la saison passée, du reste, Luis Enrique a réussi à transmettre et faire accepter ses idées loufoques et jusqu’au-boutistes, ce qui n’était pourtant pas forcément gagné au départ.
Mais la foi que l’Asturien a en ses idées et ses principes de jeu est telle qu’elle a fini par irradier tout son groupe. Aujourd’hui, ses joueurs sont prêts à mourir pour lui et à dire vrai nous aussi, de plus en plus. L’énergie qu’il parvient à transmettre depuis son banc de touche, ses mimiques, sa grinta, sa gestuelle, tout concourt à ce que l’on ait envie de se dépouiller pour lui.
Une équipe sympa en plus d’être bonne, c’est le monde à l’envers
En quelques mois, l’ancien coach du Barça a réussi à faire l’unanimité autour de sa personne, que ce soit au club, dans son environnement proche mais aussi, et c’est peut-être ça le plus dingue, partout ailleurs, chez ceux qui ne portaient pas forcément le PSG dans leur cœur. Et dieu sait qu’ils sont nombreux. Mais comment parvenir encore à détester cette équipe qui, jour après jour, égaye nos milieux de semaine, réchauffe nos cœurs et régale nos pupilles ?
Si encore il y avait des épouvantails à coups de foudres du genre de Zlatan Ibrahimovic, Neymar ou Mbappé, des mecs capables par leur attitude ou leurs propos de rappeler aux gens pourquoi la France du foot adore détester le PSG, mais même pas ! De Donnarumma à Marquinhos en passant par Vitinha, Joao Neves, Barcola, Doué ou Dembélé, les Parisiens font preuve d’une humilité, d’une simplicité et d’une bonhomie qui les rendent obligatoirement sympathiques. Et, sur ce point, Luis Enrique de conclure : « Je pense qu’on a montré la bonne mentalité, c’est un vrai plaisir pour moi d’entraîner le PSG. » Et nous de les voir jouer. La boucle est bouclée.