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Mohsen Emadi : Poète iranien en exil

Une voix de la poésie iranienne moderne

Mohsen Emadi est l’un des disciples de l’emblématique poète iranien Ahmad Chamlou, une figure majeure de la poésie iranienne du XXe siècle. À la fois poète, traducteur et cinéaste, Emadi vit en exil depuis 2009, une décision motivée par son engagement dans les manifestations étudiantes de 1999 et celles de 2009, qui ont contesté la fraude électorale lors des élections présidentielles. Après avoir vécu en Finlande, en Tchéquie et en Espagne, il a trouvé refuge au Mexique.

Lors d’une rencontre récente, Emadi a partagé ses réflexions sur l’exil et son évolution personnelle. Dans un espagnol impeccable, il évoque sa transformation, affirmant qu’il se sent aujourd’hui « de nulle part ». Ses observations sur la guerre, qu’il suit à distance, prennent une dimension philosophique : « il n’y a aucun pays — sauf celui de la poésie ».

L’exil : entre perte et redécouverte

L’exil, pour Emadi, n’est pas uniquement synonyme de tristesse : « Il y a un certain plaisir de l’exil. Quelque chose me manque, mais cette perte ouvre aussi la voie à l’aventure, au plaisir. » Il décrit un moment charnière où la pensée d’un retour a disparu, laissant place à une nouvelle forme d’existence.

Sa conception de la nostalgie évolue également. Plutôt que de rester figée, elle se transforme : « La nostalgie devient quelque chose de plus existentiel. » Emadi préfère évoquer ce sentiment à travers le terme portugais “saudade”, qui incarne une mélancolie plus riche.

Des souvenirs marquants

Le point de départ de son exil remonte à 2009, lorsque Mahmoud Ahmadinejad est nommé président. Craignant pour sa sécurité après avoir participé aux manifestations, il prend la décision de quitter l’Iran, accompagné de son père, un ayatollah. Ce dernier, bien que resté en Iran, a joué un rôle crucial dans son départ.

« À partir de ce moment-là, » se remémore-t-il, « j’ai mis mes écouteurs et écouté la musique de Kazım Koyuncu pendant tout le vol vers la Finlande. »Cette première halte s’est révélée synonyme de solitude, mais elle a été aussi une immersion dans la nature, une expérience inoubliable.

Une adaptation aux nouveaux espaces

Après la Finlande, Prague, puis l’Espagne sont passées dans la vie d’Emadi, avant son arrivée au Mexique, qu’il décrit désormais comme sa “nouvelle patrie”. À chaque étape, son exil le façonne, influençant son écriture. La Finlande incarne un « désert de neige », où la mélancolie se ressent dans ses écrits, tandis que le Mexique lui apporte une intensité nouvelle caractérisée par sa diversité culturelle.

La question de l’identité

Emadi s’interroge sur son identité actuelle, se considérant comme un hybride façonné par l’exil. « Je ne m’identifie à aucun pays. Le seul endroit où je trouve ma vérité, c’est dans la poésie, dans l’écriture. » Il ne peut retourner vers une patrie, sa poésie, pour lui, constitue son unique refuge.

Un aspect particulièrement intéressant de son discours est sa perception du racisme, qu’il a vécu en Finlande, contrastée par une meilleure acceptation au Mexique. « L’arrivée à Mexico a été un choc positif, je n’y ressens pas ce racisme lié à ma couleur de peau, » confie-t-il.

Écriture et influences

La relation d’Emadi à l’écriture est profondément marquée par ses expériences d’exil. « La traduction devient un espace d’existence pour moi, » dit-il, soulignant que cet acte l’aide à construire une identité hybride entre les différentes cultures qu’il a traversées.

Son expérience au Mexique a également transformé son écriture. Les poèmes qu’il compose dans ce pays sont influencés par l’intensité de la vie urbaine, se démarquant fortement de ceux qu’il écrivait auparavant. C’est une musicalité nouvelle qui émerge, imprégnée de la richesse culturelle mexicaine.

Réflexions sur la situation en Iran

La situation en Iran reste une préoccupation majeure pour Emadi. En observant les récentes tensions entre Israël et l’Iran, il considère les actions du gouvernement israélien comme un projet colonial visant à affaiblir le pays. Il souligne : « La question nucléaire n’a toujours été qu’un prétexte, rien de plus. »

Il attire l’attention sur le pouvoir du peuple iranien, qui lutte pour le changement. Emadi conclut en affirmant que « la résistance en Iran s’oppose à la République islamique — mais aussi à Israël. »

En somme, la vie et l’œuvre de Mohsen Emadi illustrent l’expérience de l’exil, l’interaction des cultures et la quête d’identité à travers la poésie. Sa voix, marquée par le souvenir et la résistance, est un écho puissant des luttes contemporaines.


📅 Date de publication : 2025-06-28 16:00:00

🖊 Source originale : Matheo Malik – Lire la version initiale

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Cédric Balcon-Hermand

Depuis 1998, je décrypte les mécanismes de l'information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Fondateur d'Artia13, je mets mes compétences en analyse des médias, enquêtes sensibles et cybersécurité au service de projets éducatifs et citoyens. Défendre la vérité, outiller les esprits critiques et sécuriser le numérique sont au cœur de mon engagement.

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