
Les syndicats de médecins libéraux au sens large, ont lancé un appel hexagonal à la grève ce début de semaine avec une manifestation hier à Paris. Ils sont soutenus par le Conseil national de l’ordre.
Ce mouvement dont il est difficile de savoir s’il a été suivi ou non, s’inscrit en opposition à la proposition de loi Garot qui impose des contraintes administratives à l’installation et au statut des remplaçants. « Et surtout ces mesures proposées sont technocratiques et inadaptées et elles ne régleront en rien le problème de l’accès aux soins de la population », est-il mis en exergue dans un communiqué de l’URPS.
« Une triste réalité éprouvante à la fois pour les patients et les médecins en exercice », estime le Dr Jean-Marcel Mourgues, médecin généraliste à Pujols et vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins.
Le Lot-et-Garonne ne fait pas exception à la règle avec des milliers de patients en déshérence, un centre « 15 » proactif pour trouver des places en journée à des soins non programmés, l’absence criante de médecins traitants malgré des généralistes qui continuent d’exercer après 75 ans, des secteurs ruraux en état critique et des spécialités qui ne sont plus pourvues contraignant à des rendez-vous sur Toulouse, Bordeaux ou Montauban.
« Trop de politique du coup par coup »
« Mais le désert médical est aujourd’hui à l’échelle de la France, sans méthode établie consensuellement pour déterminer où se situent précisément les zones en tension. Se pose un vrai problème d’identification des zones rouges en difficultés au-delà des avis et de la littérature. Nous devons trouver des méthodes appropriées pour améliorer l’accès aux soins et corriger les inégalités territoriales. Les pouvoirs publics et les principaux partenaires doivent écrire un projet pour le système de santé en France. On manque actuellement cruellement de vision, de sens et de travaux prospectifs. C’est la politique du coup par coup, mais il faut donner une visibilité à un projet de santé global qui ne peut plus ressembler à ce qu’il fut 40 ans en arrière ». Pour ce référent national, le système est appelé à évoluer fortement, en évaluant les besoins en soins de la population, veiller parmi les soignants, à une plus juste répartition des tâches dans ces parcours de soins par le biais des pratiques avancées. Il juge bon de s’interroger également sur l’apport des nouvelles technologies : du numérique, de la télémédecine et de l’intelligence artificielle ; jauger quel sera le temps travaillé par le médecin, à la semaine, à l’année, à la « carrière durant », sachant que les médecins salariés signent un contrat de travail.
« Des mesures coercitives, masquées, qui ne disent pas vraiment leurs noms, remettraient trop en cause l’exercice libéral de la médecine », avec une régulation plus ou moins en force dans certaines zones sous dotées.
Les médecins salariés (toutes spécialités) en exercice ou activité régulée au sein des hôpitaux publics et dans les centres de santé représentent 49 % de la profession contre 41 % de médecins exerçant en libéral et le restant en exercice mixte.
« Ne pas rester les bras ballants »
Pour le Dr Mourgues, la période des cinq à dix prochaines années va être difficile, « mais il ne faut pas rester les bras ballants. À partir de 2040, 30 % de médecins en plus sont attendus, avec 11 000 médecins qui arriveront tous les ans sur le marché, quand 3 500 partiront chaque année en France. Il faut dix à 12 ans de formation complète, d’ici là, nous devons anticiper ».
« Le Gouvernement et le Parlement continuent à vouloir tout régenter sans collaborer avec les acteurs de terrain. Après 30 ans de politiques de régulation de la formation, dont le numerus clausus a mené à la catastrophe de la démographie médicale actuelle, ils veulent réguler la pénurie », mentionne le communiqué (URPS) des médecins qui refusent que le système jugé « défaillant » soit amélioré, sans faire entendre leurs propositions émanant du terrain, sachant que le volontariat dans la permanence des soins en Nouvelle-Aquitaine a fait massivement ses preuves aussi.