
Stuart Semple, artiste connu pour ses provocations chromatiques, a présenté cette semaine « Yolo », une peinture inspirée de la teinte « olo », récemment identifiée par des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley. Semple la commercialise sur son site au prix de 10.000 livres sterling (11.755 euros) le pot de 150 ml – ou pour 29,99 livres (35 euros environ), à condition de se déclarer artiste selon The Guardian.
La couleur originale, « olo », n’a jamais été observée naturellement. Elle est née lors d’une expérience au cours de laquelle un laser a stimulé directement les cônes M – l’un des trois types de cellules sensibles à la couleur dans la rétine humaine. Cette activation exclusive a permis à cinq chercheurs de percevoir une teinte jusque-là inconnue du spectre visible.
« La couleur accessible à tous »
Fidèle à son combat pour démocratiser les couleurs rares, Stuart Semple a tenté de recréer cette perception. Il a mélangé des pigments à des azurants optiques fluorescents, qui absorbent les UV pour les réémettre sous forme de lumière bleue. À l’aide d’un spectromètre, il a ajusté son mélange pour se rapprocher le plus possible de la teinte perçue par les chercheurs. « J’ai toujours pensé que la couleur devait être accessible à tous », explique l’artiste. « Je me suis battu pendant des années pour libérer ces couleurs qui appartiennent soit à des entreprises, soit à des scientifiques, soit à des particuliers. »
Il n’en est pas à son coup d’essai : il a déjà fabriqué ce qu’il considère comme les peintures les plus noires et les plus roses du monde, ainsi qu’une réplique du célèbre bleu outremer d’Yves Klein. Il s’était notamment fait remarquer en interdisant l’usage de l’une de ses peintures à Anish Kapoor, après que ce dernier eut acquis les droits exclusifs sur la peinture la plus noire du monde.
Des scientifiques perplexes
Du côté des scientifiques, l’enthousiasme est plus mesuré. Austin Roorda, chercheur principal de l’équipe de Berkeley, reconnaît avoir été intrigué : « Je pourrais même demander à mon cousin, qui est artiste, de réaliser quelques œuvres avec cette peinture. » Mais pour lui, « toute couleur reproductible serait pâle en comparaison. Peu importe qu’il s’agisse d’une peinture, d’un échantillon de couleur ou même d’un laser monochrome, qui génèrent les couleurs naturelles les plus saturées. »
Le chercheur a même essayé une méthode moins académique : mélanger du Midori (liqueur de melon) et du Blue Curaçao. Verdict ? « C’est un peu infect. Mais plus j’en bois, plus ça ressemble à de l’olo. »