« À l’hôpital, je voyais les hommes et les femmes pleurer en couche dans les couloirs » : Marie-France 82 ans se bat pour mourir chez elle

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Ancienne pianiste et artiste peintre, Marie-France, 82 ans, refuse d’entrer en Ehpad malgré les pressions et ses lourdes pathologies. Un choix qui l’aurait privé, selon elle, de soins à domicile.

À 82 ans, Marie-France ne veut pas renoncer à sa liberté. Rouge à lèvres impeccable, collier doré orné d’un pendentif en forme de pierre précieuse autour du cou, élégante robe bleu canard… Malgré les douleurs, la coquetterie reste intacte. « Je marche très doucement à cause d’une crise de sclérose. Il y a deux semaines, je n’arrivais même plus à bouger mes jambes », prévient-elle en se tenant sur un meuble plaqué contre le mur du couloir.

Derrière la porte d’entrée, un appartement saturé de souvenirs collectionnés au fil du temps. Boîtes empilées, cadres, tableaux et autres statuettes cachent le moindre centimètre carré du mur blanc du salon. Est-il vraiment blanc ? « Tous ces tableaux, c’est moi qui les ai peints. Je suis aussi passée par les conservatoires de Nantes et Paris quand j’étais jeune. J’étais pianiste avant », lance-t-elle fièrement depuis son lit médicalisé.

L’octogénaire vie entourée de ses souvenirs.
DDM F.A

Et pour ceux qui critiquent ce qui pourrait laisser penser à un syndrome de Diogène refoulé, la réponse de Marie-France est toute faite : « Je suis chez moi, j’ai le droit de mettre ce que je veux, non ? De toute façon, je vais contacter le Secours populaire pour qu’il vienne récupérer des vêtements ou des choses qui peuvent être utiles. Moi, je n’ai plus la force pour trier tout ça », fait-elle savoir. Avant d’ajouter : « Je tiens quand même à m’excuser pour ce bazar ».

« Ma voisine, qui devait s’occuper de moi trois fois par jour, s’est finalement ravisée »

Pourtant, ses yeux qui pétillent de malice derrière ses grandes lunettes et son sourire qui ne quitte son visage à aucun instant dénotent avec la dure épreuve que cette ancienne pianiste traverse. « J’ai fait quatre mois d’hôpital dans quatre établissements. J’ai été opérée du cœur au mois d’octobre à l’hôpital Rangueil à Toulouse. Puis, on m’a envoyée à Osséja pour convalescence. Ma voisine, qui devait s’occuper de moi trois fois par jour, s’est finalement ravisée… », poursuit-elle.

Face à un état, qui lui semblait préoccupant, l’infirmière libérale qui suivait Marie-France décide de contacter les services sociaux. Il faut dire que l’octogénaire souffre d’un cancer du sang et de la lymphe, en plus du diabète et de la sclérose. « Elle s’est pointée à midi, sans me prévenir, avec l’assistante sociale, alors qu’elle était passée chez moi le matin. Avec ses yeux de gendarme, elle m’a intimé de rentrer en urgence au Chiva à Foix », se remémore-t-elle.

L’antichambre de l’Ehpad

Arrivée au centre hospitalier, c’est un véritable calvaire qui attend Marie-France. « Je suis restée de 14 h 30 à minuit dans les couloirs sans rien prendre alors que je suis diabétique. On m’a ensuite placée en gériatrie pendant 11 jours. Je voyais les hommes et les femmes pleurer en couche dans les couloirs. C’est bien de finir sa vie comme ça… », ironise-t-elle. À la fin de son séjour, elle sera transférée à l’hôpital d’Ax-les-Thermes pour des séances de rééducation.

« Je suis restée au quatrième étage, l’antichambre de l’Ehpad. On ne m’a jamais descendue au centre de rééducation. La kiné se contentait de me suivre avec mon déambulateur à trois mètres derrière moi », enchaîne-t-elle. Avant d’ajouter : « En plus, il y avait une médecin, sèche et sans empathie, qui me harcelait tous les jours pour que je rentre en Ehpad. Pour moi, c’était hors de question ».

Pendant tout un mois, Marie-France tient tête au corps médical qui aurait tenté de la placer coûte que coûte dans un établissement spécialisé. « On me harcelait tous les jours. J’ai fini par signer les papiers pour sortir le 31 janvier, contre l’avis médical. Je n’ai pas envie de finir ma vie dans une pièce de 18 m² aux murs blancs sans mes affaires… Ici j’ai mes tableaux, mes fleurs, mes vêtements », confie-t-elle. Interdite d’ambulance pour rentrer chez elle, Marie-France a été contrainte d’appeler un taxi. « Le toubib m’a sorti : vous prenez votre déambulateur et vos affaires et vous rentrez chez vous », s’indigne-t-elle. De retour à son domicile après quatre mois d’hôpital, l’octogénaire « respire enfin la liberté ».

Un retour à domicile sans soins ?

Pourtant, Marie-France n’est pas au bout de ses peines. « J’ai le médecin qui me rend visite une fois par mois. Il est passé il y a quinze jours, il est resté cinq minutes, il a pris ma tension puis m’a parlé d’Ehpad », raconte-t-elle. De quoi provoquer la colère de l’ancienne pianiste. « J’ai 82 ans et encore toute ma tête, je veux rester et mourir chez moi ». À cela s’ajoutent les infirmières et kinés qui, après avoir refusé de se rendre chez Marie-France « pour son bien », ont contacté le procureur de la République pour faire un signalement.

Privée de soins, selon elle, après avoir fait le choix de rester à domicile, l’octogénaire se sent trahie et abandonnée. « Je ne dois pas être la seule à qui ce genre de choses arrive. Elles n’ont pas le droit… Pourtant ça fait des années qu’elles s’occupent de moi. C’est une non-assistance à personne en danger. Je suis quand même malade, j’ai beaucoup de pathologies graves. Si la situation ne change pas, je vais adresser un courrier au directeur de la sécurité sociale ». Un cri d’alerte, aux allures de demande de respect. Celle d’une femme qui réclame simplement de pouvoir vieillir chez elle, entourée de ses fleurs, de ses souvenirs et de ses tableaux.



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