Ovarith Troeung, directeur général d’Hyliko : “Nous visons une centaine de camions hydrogène en circulation entre 2026 et 2027”
Même si le marché de l’hydrogène ne décolle pas, la patron d’Hyliko, Ovarith Troeung, croit plus que jamais à la solution hydrogène pour décarboner le TRM.
Transport Info : Malgré un engouement médiatique et politique ces dernières années, le marché des camions à hydrogène reste atone en France. Pourquoi ?
Ovarith Troeung : Le marché du poids lourd hydrogène en France est encore jeune, mais il progresse de manière constructive. La dynamique est bien présente, portée par des acteurs engagés (dont nous, Hyliko), dans une filière en structuration.
Nous sommes aujourd’hui le leader du marché français après avoir réalisé une avancée majeure sur le territoire national : homologuer et mettre en circulation les premiers camions hydrogène en France au début de l’été 2024, tout en déployant l’écosystème nécessaire à leur utilisation, avec notre pôle d’excellence hydrogène de Villabé, en Essonne.
“Le principal défi, c’est de lutter contre le discrédit jeté sur l’hydrogène.”
La France se positionne aujourd’hui comme le 3e pays européen majeur en nombre de véhicules hydrogène en circulation, derrière l’Allemagne et la Suisse. Soutenue par l’ambition de France Hydrogène à l’horizon 2030 (jusqu’à 6 000 véhicules lourds en France), la filière entre progressivement en phase de déploiement. Les volumes restent modestes, mais les premiers retours d’exploitation commerciale sont très encourageants de la part de nos clients, avec des véhicules fiables et opérationnels sur plus de 250 000 km parcourus à ce jour.
TI : Quels sont les principaux obstacles à surmonter pour un véritable démarrage commercial ?
OT : Le principal défi, c’est de lutter contre le discrédit jeté sur l’hydrogène. Cette technologie et son potentiel pour décarboner les usages du transport sont encore mal compris, alors qu’elle est complémentaire à d’autres solutions, notamment la batterie, en permettant de réaliser les cas d’usage de longue distance, de fort besoin en énergie (frigos, grues, bennes) et de recharge rapide, que la batterie ne permet pas.
“Les priorités restent aujourd’hui le développement des stations de distribution et la baisse du prix de l’hydrogène.”
Sur le plan économique, les choses avancent : les subventions publiques jouent un rôle clé pour faciliter l’accès au véhicule hydrogène. Hyliko est lauréat de plusieurs appels à projets (Grand ParHY, Grand LHYon), ce qui permet un soutien direct aux transporteurs dans la location de nos véhicules et améliore nettement l’équation économique. Cependant, les priorités restent aujourd’hui le développement des stations de distribution et la baisse du prix de l’hydrogène.
TI : Quel est votre objectif de ventes à court et moyen terme ?
OT : Notre ambition est avant tout de donner aux transporteurs et à leurs donneurs d’ordres toutes les clés concrètes et opérationnelles pour décarboner leur activité et rendre leur profession plus attractive.
Dans une filière qui nécessite de passer à l’échelle, nous visons une centaine de camions hydrogène en circulation entre 2026 et 2027, en France d’abord, puis dans d’autres marchés européens.
Auteur : La Rédaction
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