Nucléaire : une usine de recyclage du combustible arrive dans l’Aube
Un investissement colossal : près de 2 milliards d’euros pour créer une usine de recyclage du combustible nucléaire. L’entreprise Newcleo va s’implanter dans l’Aube. Le projet doit permettre de créer 1 700 emplois.
Une usine de recyclage du combustible nucléaire arrive dans l’Aube
L’entreprise Newcleo, jeune pousse européenne de l’atome, annonce son intention d’investir 1,8 milliard d’euros dans une usine de recyclage de combustible nucléaire à Pont-sur-Seine et Marnay-sur-Seine, dans le département de l’Aube. Un projet d’envergure qui s’inscrit dans les ambitions françaises de souveraineté énergétique, dans le cadre du plan France 2030, et qui vise à structurer une filière de réacteurs de quatrième génération.
Le terrain convoité ? Près de 46 hectares au total, à une dizaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Un site stratégique, accessible par voie fluviale, ferroviaire et routière, et surtout disponible : le département de l’Aube avait acquis ce foncier en 2020 auprès du groupe Soufflet pour des projets industriels, avec l’idée d’anticiper des implantations majeures. Pari réussi. Car cette usine, si elle voit le jour, pourrait devenir un chaînon central dans le recyclage du combustible nucléaire en Europe.
Dans un pays où chaque parcelle industrielle devient rare et convoitée, ce projet a tout d’un trophée pour les acteurs locaux. « C’est une nouvelle historique pour notre territoire », estime François Baroin, président de Troyes Champagne Métropole. Même son de cloche pour Franck Leroy, président du Grand Est, qui salue « une industrie innovante, compétitive et moteur de la transition environnementale ».
Une usine, deux phases, trois milliards : l’architecture d’un géant du combustible nucléaire
Cette installation servira à produire du MOX (Mixed Oxide), un combustible composé de plutonium et d’uranium issu du retraitement des combustibles usés. L’objectif affiché par Newcleo : « prolonger l’utilisation énergétique de matières existantes et limiter le recours à l’extraction minière ». Une manière, pour l’entreprise, de « fermer le cycle », expression consacrée pour désigner la réutilisation des déchets radioactifs en combustible neuf. Le plan de développement se déroule en deux temps. Une première ligne pilote, qui mobilisera à elle seule 850 emplois directs, devrait être opérationnelle à l’horizon 2030. Deux autres lignes devraient suivre à l’horizon 2040, portant le nombre total d’emplois directs à 1 700, sans compter les milliers d’emplois induits durant la phase de construction.
Ce projet n’est que l’un des volets d’un programme global d’investissement annoncé à 3 milliards d’euros par Newcleo, qui prévoit également l’implantation d’un réacteur à neutrons rapides à Chinon (Centre-Val de Loire), d’un centre d’innovation à Chusclan (Gard), et d’un démonstrateur modulaire d’ici 2031. La promesse de Newcleo est ambitieuse : produire du combustible bas carbone, réduire les déchets nucléaires et accélérer le déploiement de petits réacteurs modulaires (SMR). Mais le pari n’est pas sans obstacles.
Si le projet bénéficie déjà du soutien politique local, de la participation des agences régionales et d’un foncier prêt à l’emploi, il reste suspendu à une série de validations réglementaires.
En décembre 2024, Newcleo a déposé un dossier d’options de sûreté auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour la ligne pilote prévue dans l’Aube. Une concertation publique a été lancée en lien avec la Commission nationale du débat public (CNDP), étape indispensable avant l’ouverture d’un chantier qui, s’il est autorisé, mobilisera jusqu’à 2 000 personnes.
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Auteur : Jean-Baptiste Giraud
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