Les menaces pesant sur l’emploi, en particulier celui des salariés du géant de l’acier ArcelorMittal pour lesquels la gauche se mobilise, alimentent jeudi la mobilisation des traditionnels cortèges syndicaux du 1er-mai où résonnent également les craintes pour la paix et la stabilité dans le monde.
La ville portuaire de Dunkerque a donné le coup d’envoi des 269 défilés prévus dans toute la France. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à l’appel de la CGT, pour protester contre le plan de suppression d’environ 600 postes annoncé par ArcelorMittal dans ses sites du Nord et de l’Est de la France, dont une majorité dans la cité industrielle du Nord. « Confisquons les dividendes », « Nationalisation d’ArcelorMittal », pouvait-on lire sur des pancartes, en référence au propriétaire indien du géant de la sidérurgie.
Olivier Faure, François Ruffin et Marine Tondelier
Plusieurs responsables politiques, dont Olivier Faure (PS), François Ruffin (ex-LFI), Marine Tondelier (Ecologistes) ou Aurélie Trouvé (LFI) étaient présents aux côtés des manifestants.
A Metz, des salariés d’ArcelorMittal Florange, où 113 emplois doivent être supprimés, étaient aussi présents. « Il y en a ras-le-bol de ceux qui bradent l’hôpital pour payer des Rafale », ont clamé les manifestants. A Rennes où les organisateurs ont recensé 4.000 participants et la préfecture 3.000, Guillaume Naud, 53 ans, éducateur social et adhérent FO, s’inquiète aussi du retour de la guerre et de ses conséquences : « Les budgets militaires vont augmenter et le social et le scolaire vont trinquer. »
« On est dans un contexte d’inquiétude au niveau international et économique », constate encore Carole Nejjari, professeure d’histoire-géographique dans le cortège marseillais, où la préfecture a comptabilisé 3.600 personnes et la CGT 15.000. Ils étaient aussi 1.800 à Brest, selon la préfecture et 2.200 à Nancy.
« Depuis trois mois, on entend en boucle la question de la guerre, la question de la dette, la question de l’insécurité, la question de l’immigration mais plus jamais les questions sociales », a déploré la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, sur franceinfo.
« Crise du travail »
La journée internationale des travailleurs se tient cette année – comme l’an dernier – sans large unité syndicale. La CGT a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler « contre l’extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale ». A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d’Italie vers la place de la Nation.
La numéro un de la CFDT et son homologue de l’Unsa Laurent Escure se sont pour leur part retrouvés dans le centre de Paris pour une table ronde sur le travail, Marylise Léon expliquant qu’il s’agissait d’avoir un espace pour évoquer « la crise du travail », « le grand impensé du moment ».
« Contre la trumpisation du monde »
Cent jours après l’arrivée du président américain, Donald Trump, au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort « contre la trumpisation du monde », selon Thomas Vacheron, cadre de la CGT. Ce rendez-vous traditionnel se tient aussi au moment où le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai, seul jour férié et chômé en France.
« Il y a des gens qui ont envie de travailler dans le pays et quand ils sont sur une base volontaire, avec un doublement de salaire, ils doivent pouvoir le faire », a jugé jeudi la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet sur RTL.
Le 1er Mai « doit rester sanctuarisé », a rétorqué Marylise Léon disant se méfier du volontariat car dans une TPE « dire non à son patron n’est pas forcément facile », son homologue de l’Unsa rappelant que cette journée est le fruit de « l’historique des luttes des différents syndicats ». Dans le cortège bordelais, où 2.350 personnes manifestaient selon la préfecture, Jeanne Lafon, fonctionnaire 53 ans, soulignait qu »il faut que ce jour reste chômé pour tout le monde », notant qu’on peut bien « se passer de pain une journée ».
Pour ce 1er-Mai, la mobilisation devrait attirer 100.000 à 150.000 personnes en France, selon une source policière.
De même source, la présence de militants de l’ultra-gauche était jugée très probable à Lyon, Paris ou Nantes, où des tensions ont émaillé le cortège de plusieurs milliers de personnes.