
La crise Covid 19 a fait souffler un vent d’autonomie, mais les mauvaises habitudes reviennent. Alors que le bien-être au travail et l’équilibre vie professionnelle, vie personnelle sont devenus des vraies attentes pour les salariés, ces derniers ont de plus en plus de mal à décrocher les yeux de l’écran. C’est ce que révèle une étude publiée par Indeed en avril : plus de la moitié d’entre eux sentent que leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est mis de côté. Et pour cause : près d’un quart consulte ses messages et e-mails professionnels lors de ses vacances/ » class= »color-ultramarine c-link »>vacances et 16 % le font tard le soir. Le « droit à la déconnexion » a du plomb dans l’aile.
Mais ce présentéisme n’est pas seulement digital : plus d’un tiers des salariés interrogés se sentent obligés de rester tard au bureau dans l’unique but de montrer leur engagement. Enfin, près de la moitié des quelque 1.000 répondants estiment que leur présence au travail compte plus que les résultats.
« Il existe une pression réelle, mais c’est aussi une pression auto-infligée », déclare Eric Gras, spécialiste de l’emploi pour Indeed. Selon lui, il est essentiel d’accompagner les managers et leur apprendre à respecter les horaires et à ne pas contacter les collaborateurs après 18 heures ou pendant leurs congés : « Avoir un plan d’action clair est la clé pour faire respecter ce droit à la déconnexion. » Pour Isabelle Hastings, consultante experte en qualité de vie au travail chez Qualisocial, un cabinet de conseil en santé mentale, ce manque de déconnexion peut entraîner des risques psychosociaux, comme « de la tension, des difficultés de concentration et une mauvaise influence sur le sommeil. »
Poser ses limites
Pour la consultante, c’est aux entreprises de montrer l’exemple. Mais sur le plan individuel, elle donne quand même des pistes pour vous laisser souffler : « Dans la mesure du possible, il faut se contraindre à avoir deux téléphones : un pro et un perso. Marquer ses limites passe également par le paramétrage de ses messageries, histoire de signifier que l’on n’est pas joignable. »
D’après l’étude, les deux tiers des recruteurs interrogés affirment que les salariés ne devraient pas consulter leurs mails en dehors de leurs heures… Mais 13 % d’entre eux admettent attendre qu’ils restent tout de même joignables. Si vous tombez sur un manager qui insiste, mieux vaut lui demander si « une réponse peut attendre la reprise », poursuit l’experte.
D’après Louise Peugny, avocate spécialisée en droit social au sein du cabinet Voltaire Avocats, les procédures liées au droit à la déconnexion sont « relativement communes ». Ce droit a fait son introduction avec la loi Travail du 8 août 2016, dite « El Khomri ». Le barème Macron sur les indemnités de licenciement aurait, selon elle, entraîné une « augmentation flagrante des contentieux ». « On observe souvent des condamnations de rappels d’heures supplémentaires », relève-t-elle. Bien souvent, les salariés souhaitent comptabiliser ces échanges en dehors de leurs horaires comme du temps de travail et exigent compensation.
Aux entreprises de montrer l’exemple
Face à cette vague de présentéisme, l’experte de Qualisocial renvoie les entreprises à leurs responsabilités : « Ces principes de déconnexion doivent être matérialisés sur une charte. Mais surtout, il faut jouer le jeu collectivement. » Ce n’est pas juste « fais ce que je dis »… Mais aussi « fais ce que je fais ».
Derrière cet excès de zèle, on peut mettre en cause l’incertitude du marché du travail, qui pousse les salariés à surjouer l’engagement. Notamment les plus jeunes : selon l’étude Indeed, 62 % des jeunes de 16 à 24 ans restent tard au bureau. Non pas par nécessité, mais pour donner une image engagée auprès de son boss.
Varier les canaux d’échange
Mais l’un des principaux facteurs à pointer est le FOMO (Fear of missing out), ou la peur de passer à côté d’informations importantes en lâchant son téléphone : « Le FOMO existe depuis longtemps, même avant le passage au numérique », explique Eric Gras. « A l’origine, cette peur vient de la pause cigarette, où certains collègues non-fumeurs se retrouvaient isolés de discussions, parfois riches en informations. Aujourd’hui, dans le contexte du télétravail et du tout numérique, ceux qui veulent vraiment déconnecter peuvent avoir du mal à le faire par peur de rater quelque chose », poursuit le représentant d’Indeed.
Des milliers d’offres d’emploi en un clic
La pandémie a mis en lumière la « Zoom fatigue ». A savoir la fatigue, l’anxiété ou le burn-out provoqués par l’utilisation répétée de logiciels de vidéoconférence. Le représentant d’Indeed recommande une diversification des moyens d’échange, « pour éviter la surcharge d’informations. Par exemple, en plus des mails, organiser des réunions hebdomadaires, en personne, pour revenir sur les sujets importants. »
Mais en attendant que votre entreprise suive, n’oubliez pas : votre boîte mail n’a pas besoin de vacances, mais vous, si !
vacances-comment-poser-limites-boulot?at_medium=display&at_campaign=149″>Aller à la source