« Les jeunes femmes, plus enclines à mettre à distance l’hétérosexualité »


Comme une envie de dire bye-bye à l’hétérosexualité chez les jeunes. Dans un nouveau volet de l’enquête sur la jeunesse, la sexualité et les relations intimes, l’Institut national d’études démographiques (Ined) révèle que 19 % des femmes de 18 à 29 ans, et 8 % des hommes dans cette même tranche d’âge, ne s’identifient pas comme hétérosexuels.

En 2015 et 2006, lors de deux enquêtes similaires, environ 3 % des femmes et des hommes s’identifiaient aux minorités sexuelles. L’ampleur de cette évolution a surpris jusqu’à plusieurs chercheuses et chercheurs, en particulier le fait qu’une femme sur cinq s’identifie à une minorité sexuelle (lesbienne, bisexuelle, pansexuelle, asexuelle) aujourd’hui.

Moment MeToo, partage inégal du travail domestique…

Ces chiffres sont issus de la grande enquête nationale Envie réalisée en 2023 auprès d’un échantillon représentatif de 10.000 jeunes. Après la publication d’un livre en mars sur La sexualité qui vient, jeunesse et relations intimes après MeToo (éditions La Découverte), l’équipe de chercheuses et chercheurs s’est penchée plus spécifiquement sur l’augmentation significative des minorités sexuelles dans un article de la revue Population et Société, paru le 30 avril 2025.

Plusieurs facteurs contextuels expliquent ce plus fort recul de la norme hétérosexuelle chez les femmes que chez les hommes : le moment MeToo qui a mis en exergue les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes, mais aussi le partage inégalitaire du travail domestique ou les inégalités de genre dans la vie.

« C’est davantage l’hétérosexualité en tant que fonctionnement qui est questionné »

« Les femmes sont plus enclines finalement à questionner l’hétérosexualité de ce point de vue, et donc à se reconnaître dans des identifications qui vont avoir tendance à mettre à distance l’hétérosexualité, analyse Wilfried Rault, directeur de recherche à l’Ined et un des auteurs de l’étude. Des éléments montrent aussi cette politisation plus marquée des femmes. » Elles se déclarent particulièrement sensibles au féminisme par exemple.

« On a là un signe que l’enjeu n’est pas réductible à la sexualité, mais que c’est davantage l’hétérosexualité en tant que fonctionnement qui peut être questionné par ces jeunes femmes », complète-t-il. L’augmentation du pourcentage de femmes de 18 à 29 ans s’identifiant comme bisexuelles ou pansexuelles traduit ce recul. Et ce sont surtout, les plus jeunes, de 18 à 21 ans, qui se reconnaissent dans ces nouvelles identifications.

« Une relative banalisation de l’homosexualité »

Chez les hommes, « l’homosexualité demeure extrêmement stigmatisée malgré un contexte favorable de plus grande visibilité, note Wilfried Rault. Cette persistance rend plus complexe pour les hommes que pour les femmes d’aller vers ces nouvelles identifications ».

Autre changement inédit dans les pratiques sexuelles : le premier partenaire sexuel des personnes homosexuelles est davantage un partenaire de même sexe (près de 80 % des gays et un peu moins de 70 % des lesbiennes). « Par le passé, c’était nettement plus minoritaire, cette évolution est le signe d’une relative banalisation de l’homosexualité », complète le directeur de recherche.

Le Pacs dans les années 1990, le mariage pour tous en 2013 ont rendu « plus envisageable ces formes de sexualité », souligne le chercheur. Mais nuance-t-il, « on n’est pas arrivé, malgré les évolutions juridiques, sociales et politiques dans un contexte dans lequel les minorités sexuelles seraient totalement reconnues et acceptées ».

Des attirances moins polarisées chez les personnes non-binaires

Enfin, dernier élément saillant : le dépassement de la binarité de genres, c’est-à-dire des catégories homme ou femme, dans le choix des partenaires. Cette remise en question apparaît déjà chez les jeunes bi et pansexuels. Elle est particulièrement marquée chez les personnes non-binaires, c’est-à-dire ne s’identifiant ni comme homme, ni comme femme. Iels représentent 1,7 % des jeunes de 18-29 ans en France.

Notre dossier sur les sexualités

« Les personnes non-binaires s’inscrivent plus fréquemment dans une sexualité minoritaire, c’est-à-dire qu’elles sont très nombreuses à se dire bi ou pansexuelles et assez nombreuses à se dire asexuelles », relève Wilfried Rault. Leurs attirances sont moins polarisées : la moitié dit être autant attirée par les personnes des deux sexes.

Cela se confirme dans les pratiques sexuelles, qui sont plus fréquentes avec des personnes des deux sexes pour les personnes non-binaires (38 %) que pour les femmes et les hommes cisgenres (14 %), dont l’identité de genre correspond au sexe de naissance. « On retrouve cette idée que le genre n’est pas une grille de lecture centrale dans le choix des partenaires », conclut le chercheur.



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