C’est le 1er mai. Le seul jour où presque personne ne travaille et a enfin un peu de temps libre en plein milieu de la semaine. Et c’est rare. À l’occasion de la Fête du Travail, Wecasa, en collaboration avec YouGov, a dévoilé une étude que 20 Minutes a pu lire, sur le temps libre des Français. Malgré moins d’heures de travail en 2025 qu’en 1995, « le vrai temps libre – celui qui ressource, repose et permet de souffler – reste un privilège », selon Antoine Chatelain, cofondateur de Wecasa.
Mais qu’est-ce que ce « temps libre » déjà ? Pour 42 % des Français, le temps libre se définit comme un moment sans obligations ni contraintes, où l’on peut faire ce que l’on veut (une vision partagée même à 49 % par les 55 ans et plus). Tandis que 20 % y voient un temps dédié aux loisirs et aux activités personnelles, et 17 % un moment de repos et de déconnexion.
Une différence de temps entre les femmes et les hommes
« Il est largement compromis pour de nombreuses femmes, notamment les mères, les actives, et celles vivant en dehors des grandes métropoles », analyse Antoine Chatelain. En effet, ces écarts s’accentuent si l’on est un homme ou une femme. 25 % des hommes associent le temps libre à leurs loisirs, contre seulement 15 % des femmes, signe que ces dernières disposent souvent d’un temps plus contraint, moins « libre » dans les faits.
Toujours dans les différences de genre, si 60 % des Français aujourd’hui estiment disposer de suffisamment de temps libre, ce chiffre retombe à 46 % chez les femmes de 35 à 44 ans, qui sont par ailleurs 39 % à l’estimer insuffisant. Et pour cause : dans cette classe d’âge spécifique, plus d’1 femme sur 2 déclare passer la majorité de son temps libre à faire des tâches ménagères ou des courses. Un écart qui s’observe aussi dans la catégorie des actifs : 42 % des femmes actives déclarent manquer de temps libre contre 34 % des hommes actifs.
Plus largement, lorsqu’on leur demande ce qui limite leur temps libre, les Français pointent deux obstacles principaux. Pour les femmes, ce sont les tâches domestiques chronophages qui arrivent en tête (27 %). Plus d’une femme sur trois (36 %) déclare ainsi passer la majorité de son temps libre à faire des tâches ménagères ou des courses. Un chiffre encore plus important chez les femmes de 35 à 44 ans comme dit ci-dessus. Pour les hommes, c’est la charge de travail professionnelle jugée trop importante (24 %). Deux réalités différentes qui révèlent une répartition encore genrée des responsabilités dans la gestion du quotidien.
A Paris, on est plus libre
Un éclairage saisissant sur les fractures sociales mais aussi territoriales dans l’accès à ce bien précieux qu’est le temps pour soi. La définition du temps libre « comme un moment sans obligations ni contraintes » est ainsi partagée par 53 % des femmes en région parisienne, contre seulement 37 % des femmes dans le Nord-Est. Un écart de 16 points qui reflète des conditions de vie et des charges quotidiennes très différentes selon les contextes. Ces différences sociales et territoriales se confirment dans l’utilisation effective de ce temps libre.
En région parisienne, les femmes sont nettement moins nombreuses (29 %) à voir leur temps libre accaparé par les tâches ménagères par exemple. Ce chiffre est lié à la charge mentale, mais aussi à l’accès aux services, aux différences de mode de consommation et aux écarts de niveau de vie. Les contraintes financières sont en effet le premier frein évoqué par les femmes vivant dans des communes de moins de 20.000 habitants (22 % contre 12 % pour les femmes résidant dans une ville de plus de 100.000 habitants).
Autant d’enjeux qui ouvrent la voie à une réflexion plus large sur l’invisibilisation du travail domestique et la manière dont notre société organise – ou délègue – la charge mentale quotidienne. Mais pour aujourd’hui, faites une pause et prenez ce temps libre.