
Jamais la France n’avait compté autant de détenus. Au 1er avril, 82.921 personnes étaient incarcérées, un chiffre sensiblement supérieur à celui enregistré au 1er mars et qui constituait déjà un niveau inégalé, selon le ministère de la Justice. D’après les données publiées mercredi, la densité dans les prisons françaises, qui comptaient seulement 62.358 places opérationnelles à la même date, était de 133 % (contre 125,8 % au 1er avril 2024) et dépassait même les 200 % dans vingt-deux établissements ou quartiers pénitentiaires.
Une surpopulation carcérale qui contraint 4.752 détenus à dormir sur des matelas posés à même le sol. « C’est totalement inacceptable », a reconnu mercredi le garde des Sceaux Gérald Darmanin, interrogé sur France Inter.
Le seuil des 80.000 détenus a été franchi pour la première fois au 1er novembre 2024. Il n’a depuis cessé de grimper sauf au 1er janvier 2025 où l’on avait enregistré un léger tassement. La surpopulation carcérale est « mauvaise pour absolument tout le monde, pour les détenus eux-mêmes, évidemment » obligés de vivre « dans des conditions indignes, et pour les agents pénitentiaires qui subissent une insécurité et une violence », a souligné Gérald Darmanin.
La France parmi les mauvais élèves en Europe
Parmi les personnes incarcérées au 1er avril, 22.056 sont des prévenus, en détention dans l’attente de leur jugement définitif. Au total, 101.056 personnes étaient placées sous écrou au 1er avril, un nombre qui ne cesse aussi d’augmenter. Parmi elles, on compte 18.135 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou d’un placement à l’extérieur.
La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin 2024 par le Conseil de l’Europe. « Il n’y a pas plus de gens qui vont en prison aujourd’hui qu’il y a quarante ans. Simplement, ils passent plus de temps en prison. Le quantum des peines s’est rallongé. Et par ailleurs, nous n’avons pas construit des places de prison à la hauteur de ce que nous avions prévu », a souligné le garde des Sceaux.