« J’ai peur »… Inquiétude et défiance après un mort lié au vaccin à la Réunion


«Là, franchement, j’ai peur. J’ai vraiment le sentiment que je peux faire un arrêt cardiaque à tout moment ». Comme André, 71 ans, vacciné contre le chikungunya, nombre de Réunionnais expriment leur inquiétude après l’annonce d’un décès lié à la vaccination.

Depuis dimanche, cet ouvrier du bâtiment à la retraite se lève le plus doucement possible pour être sûr de ne pas avoir de vertige. Souffrant de diabète, il a été vacciné contre le chikungunya. Mais l’annonce, samedi, par les autorités sanitaires, de la mort liée au vaccin d’une personne de 80 ans l’a choqué. Dans la foulée, la Haute Autorité de santé a ordonné l’arrêt, pour les personnes de plus de 65 ans, de la campagne de vaccination avec le vaccin Ixchiq commercialisé par le laboratoire franco autrichien Valneva.

« Encore heureux que les gens ne se soient pas précipités »

Selon les chiffres annoncés le 22 avril à Emmanuel Macron en visite sur l’île, par Gérard Cotellon, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), André fait partie des 3.000 personnes déjà vaccinées à La Réunion. « Encore heureux que les gens ne se soient pas précipités, on aurait pu avoir beaucoup de morts », s’emporte Henri Clain, 69 ans, commercial à la retraite. Interrogé samedi sur Réunion La 1ère, le patron de l’ARS a souligné que l’arrêt de la campagne de vaccination (pour les 18-64 ans avec comorbidités) n’était « pas envisagé », le vaccin pouvant « amener à une immunité collective ».

Le directeur général de la Santé, Grégory Emery, a, lui, estimé que la campagne n’avait pas été lancée trop rapidement, « toutes les étapes » de contrôle ayant été « respectées ». Mais l’argument ne convainc pas tout le monde sur l’île où vivent plus de 885.000 personnes. « J’ai le sentiment que nous sommes pris pour des cobayes, cette affaire va encore diminuer la crédibilité des autorités sanitaires aux yeux de la population », estime Henri Clain.

« Pour ma part, je trouve que la réaction des autorités sanitaires est plutôt rassurante, tout a été fait en transparence », tempère Alix, une mère de famille de 36 ans. « Ils ont été très réactifs dès qu’il a été établi qu’il y avait un danger pour les personnes de plus de 65 ans. » Les trois « événements indésirables graves dont un décès », liés au vaccin, « ont été signalés à partir du 21 avril. Nous sommes le 26 et il y a eu une recommandation de la Haute Autorité de santé », défend le directeur de l’ARS.

Notre dossier sur le chikungunya

Près de 120.000 personnes ont été contaminées par le virus, transmis par le moustique tigre, depuis le début de l’année, selon les estimations de l’ARS. Neuf décès de personnes de plus de 70 ans porteuses de comorbidités ont été enregistrés par Santé publique France. Neuf autres décès, dont celui d’un nourrisson, sont en cours d’investigation.



Aller à la source