Guerre commerciale : Šefčovič rencontre Greer à Paris
Les États membres sont actuellement soumis à des droits de douane de 10 % sur l’ensemble de leurs importations (affectant autour de 380 milliards de biens), de 25 % sur les voitures et les composants et de 50 % — contre 25 % précédemment — sur l’acier et l’aluminium Trump Signs Order Hiking Steel, Aluminum Tariffs to 50 %, Bloomberg, 3 juin 2025. »>1.
- Selon le calendrier fixé par la Maison Blanche, en l’absence d’un accord, des droits de douane de 20 % — mais pouvant aller au-delà — seraient imposés dès le 9 juillet, quand la « pause » de 90 jours sur les tarifs réciproques annoncée par Donald Trump le 9 avril arrivera à échéance.
- L’administration a d’ailleurs envoyé une lettre demandant aux pays de soumettre leurs meilleures offres pour aujourd’hui, 3 juin, afin d’accélérer les négociations commerciales US seeks best trade offer from countries this week, White House says, Reuters, 3 juin 2025. »>2. Selon une source au fait des discussions, aucune lettre de ce type n’a été adressée à l’Union EU did not receive US letter demanding best offer in trade talks -source, Reuters, 3 juin 2025. »>3.
L’espoir d’un accord mutuellement bénéfique semble toutefois avoir été balayé par la menace de Donald Trump du 23 mai de porter les droits de douane à 50 % sur l’ensemble des importations européennes dès le mois de juin. Si la date limite a été à nouveau repoussée au mois de juillet à la suite d’un appel avec la présidente Ursula von der Leyen, rien n’indique pour le moment que les négociations ont avancé.
- Les États-Unis auraient rejeté une proposition de Bruxelles qui mettait en avant les bénéfices d’une élimination coordonnée des droits de douane sur les produits industriels, et notamment la construction de data centers en commun et un alignement accru des politiques à l’égard de la Chine.
Le scénario central à Bruxelles serait désormais que les droits de douane de 10 % sur l’ensemble des importations européennes sont là pour rester et ne sont pas négociables pour la Maison Blanche, qui les verrait d’ailleurs comme une source de revenu.
- Le seul accord qui semble possible serait donc similaire à celui obtenu par le Royaume-Uni, qui inclut majoritairement des concessions unilatérales.
- Il différencie toutefois les tarifs douaniers « réciproques » de 10 % des tarifs sectoriels, ou des quotas peuvent être accordés pour une certaine quantité d’exportations. Par exemple, dans le cas du Royaume-Uni, il s’agit de 100 000 voitures pour lesquelles un tarif de 10 % est appliqué, soit environ 80 % du total des voitures exportées chaque année sur le marché américain.
Une telle position semble toutefois difficilement soutenable pour une large majorité de l’opinion publique européenne.
- Dans le dernier Eurobaromètre, 80 % des personnes interrogées estiment que si d’autres pays augmentent leurs droits de douane sur les importations en provenance de l’Union, celle-ci devrait imposer des droits de douane en retour pour défendre ses intérêts.
Les exportations des États membres vers les États-Unis représentent environ 3 % du PIB européen. Avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le taux moyen pondéré des droits de douane appliqués par les États-Unis sur les importations de produits européens était de 2,5 % pour les produits agricoles et de 1,5 % pour les produits non agricoles. Pour l’Union, ces taux sont respectivement de 4,2 % et 0,9 %.
- Si aucun accord n’est obtenu d’ici le 9 juillet et que les droits de douane américains sont portés à un niveau supérieur de 10 %, l’Union pourrait décider d’imposer une série de mesures de rétorsion dès le 14 juillet.
- Les États membres ont approuvé l’instauration de droits de douane sur 21 milliards d’euros de produits américains, en réponse aux droits de douane sur l’acier et l’aluminium. Il s’agirait là des premières mesures qui pourraient entrer en vigueur rapidement. Parallèlement, la Commission prépare une seconde liste visant environ 95 milliards d’euros de marchandises américaines. Celle-ci pourrait inclure des biens tels que les avions Boeing, les voitures et le bourbon.
- La Commission espère également que la bataille juridique sur la légalité des tarifs réciproques s’intensifiera aux États-Unis : le tribunal de commerce international des États-Unis avait rejeté ces droits de douane le mercredi 28 mai, estimant que le président américain avait excédé ses compétences en imposant des tarifs non ciblés, un acte relevant du Congrès. Une cour d’appel fédérale les a rétablis dès jeudi 29.
L’article Guerre commerciale : Šefčovič rencontre Greer à Paris est apparu en premier sur Le Grand Continent.
Auteur : Ramona Bloj
Aller à la source