La consommation des ménages français en biens a connu sa plus forte baisse depuis 2022 au mois de mars. Les dépenses des ménages en biens de consommation ont en effet fortement diminué en mars, reculant de 1 % en volume sur le mois, a annoncé l’Institut national de la statistique (Insee) ce mercredi 30 avril.
Dans le détail, cette baisse mensuelle s’explique principalement par une diminution de la consommation de biens fabriqués (-1 %) et de la consommation d’énergie (-1,8 %). La consommation alimentaire baisse également de nouveau (-0,5 %).
Sur le premier trimestre, la consommation en biens a reculé de 0,6 %, tirée par le repli des biens fabriqués (-1,1 %) et de la consommation alimentaire (- 0,8 %), alors que la consommation d’énergie a rebondi (+ 0,9 %). Mais surtout, la consommation en biens a atteint son « plus bas niveau » depuis novembre 2014, hors Covid, indique l’Insee.
Une tendance à la baisse depuis la crise sanitaire
Interrogé par La Tribune, Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès, insiste sur le fait que « cela ne concerne que les biens et pas les services, qui sont le premier poste de dépenses des Français ». « La consommation des ménages n’est pas très vaillante, mais sur les services, elle augmente », nuance-t-il.
« La consommation des services est quand même plus dynamique que la consommation des biens », confirme Marie Leclair, responsable du département des comptes nationaux de l’Insee. « Elle est sur son rythme tendanciel à 0,5 % sur le premier trimestre, contre – 0,6 sur les biens », ajoute-t-elle. « Au total, la consommation est stable sur le premier trimestre, ce qui est moins positif qu’attendu ».
S’agissant des biens, la consommation en volume connaît une tendance à la baisse depuis 2020, selon les données de l’Insee. « Ces dernières années, le pouvoir d’achat n’a pas été reluisant », commente Sylvain Bersinger. « Pendant la crise inflationniste en 2022-2023 [liée à la guerre en Ukraine], les prix des biens augmentaient plus » que ceux des services, rappelle-t-il, à l’image de « l’énergie et l’alimentaire ».
Un taux d’épargne à 18 %
Résultat, « cela a entraîné une baisse de la consommation, en tout cas des produits de gamme plus inférieurs, et les ménages se sont plus reportés sur les services », analyse le chef économiste chez Asterès. Il explique également ce report vers les services par un « facteur plus structurel » qui est la « tertiarisation des économies ».
Autre facteur que le pouvoir d’achat et la tertiarisation : la hausse de l’épargne. « Le taux d’épargne des ménages est à 18 % du revenu », indiquait Dorian Roucher, chef économiste du département de la conjoncture à l’Insee, à franceinfo fin mars. « Chaque mois, les ménages ne consomment pas 18 % de leur revenu », expliquait-il. « C’est à peu près trois points de plus que la moyenne qu’on avait eue dans les années 2000-2010. Ça représente un « manque à consommer » de 60 milliards d’euros. »