
On le dit régulièrement : Elon Musk est un acteur de la désinformation. On le dit, mais à présent on peut le quantifier et le mesurer précisément. Avec France 24 et la RTBF, franceinfo a analysé plus de 15 000 de ses tweets publiés en six mois, entre l’élection de Donald Trump le 4 novembre et le 4 avril dernier.
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La grande majorité de ses tweets ne sont pas de la désinformation. Elon Musk parle surtout business et politique américaine. En revanche, les messages qui relaient des infox arrivent toujours à point nommé, à des moments qui correspondent clairement à un agenda politique, comme des outils dans ses tentatives d’influence sur les élections en Europe, pour pousser l’extrême droite.
Des pics de tweets à des moments clés
Prenons le cas de l’Allemagne. Elon Musk n’en parle pas beaucoup dans ses tweets avant la mi-décembre. Puis, à partir de la mi-décembre, commence un pic de tweets sur ce pays. Que s’est-il passé ? D’abord, le haut-conseiller de Donald Trump a appris qu’une Américaine avait été interpellée en Allemagne, après avoir poignardé à mort un migrant. Elle affirmait qu’il s’agissait de légitime défense car sa victime l’aurait agressée sexuellement, mais le parquet en charge de l’enquête n’a pas retenu cet argument. Puis, le 16 décembre, le chancelier Olaf Scholz a perdu la confiance des députés et des élections législatives anticipées ont été annoncées en Allemagne. Ensuite, le 20 décembre, sommet du pic, un attentat a été perpétré dans ce pays. On retrouve un autre pic de tweets d’Elon Musk sur l’Allemagne quelques heures avant les élections législatives du 23 février. Mais, après ces élections, le patron de Tesla ne parle plus de l’Allemagne jusqu’à la fin de la période analysée. Dans ces pics de publications, Elon Musk parle de son soutien à l’extrême-droite, prône une politique anti-immigration et relaie des fausses informations.
Des fausses informations au service des idées d’extrême-droite
Sur l’histoire de cette Américaine, poursuivie en Allemagne et placée en détention, Elon Musk affirme qu’elle est en fait retenue en otage. Il relaie aussi une fausse information selon laquelle la liberté d’expression serait muselée en Allemagne et qu’on pourrait y être mis en prison juste pour avoir partagé ce qu’on appelle un « mème », une image humoristique sur internet.
Elon Musk utilise son compte sur son réseau social X comme une caisse de résonnance. En une dizaine de tweets seulement, il permet à cette fausse information de recevoir une audience massive et d’atteindre un demi-milliard de personnes, en audience cumulée, uniquement via son compte.