Energie et Climat

Chauffage vert : les Français veulent y croire

À l’approche de la Journée mondiale de l’environnement le 5 juin 2025, les Français affichent une volonté croissante de concilier confort thermique et responsabilité environnementale. Pourtant, cette aspiration se heurte à des réalités économiques et à une méconnaissance persistante des solutions disponibles.

Chauffage : un levier d’action écologique sous-estimé

Selon une enquête menée par Rothelec en mai 2025 auprès de 2 101 personnes, 55 % des Français considèrent les économies de chauffage comme une nécessité financière, tandis que 24 % les perçoivent comme un acte militant pour la planète. Cette dichotomie souligne une prise de conscience environnementale en progression, bien que le facteur économique demeure prédominant.

Les systèmes de chauffage à combustion fossile, tels que le gaz et le fioul, restent majoritaires avec 41 % d’utilisation, bien qu’en recul par rapport aux 45,4 % de 2020. Le chauffage électrique progresse légèrement, atteignant 38 %, tandis que les pompes à chaleur gagnent du terrain avec 9 % d’adoption, soutenues par les aides publiques. Le bois et les granulés représentent 11 % des systèmes utilisés, et le solaire stagne autour de 1 %.

Des intentions louables freinées par des obstacles concrets

Si 44 % des Français se déclarent prêts à modifier leur mode de chauffage pour des raisons écologiques, seuls 22 % l’ont déjà fait, et 20 % envisagent de le faire dans les mois à venir. Cette hésitation s’explique en partie par le coût des équipements écologiques et une méconnaissance des aides disponibles.

Le Baromètre Qualit’EnR de janvier 2025 révèle que 45 % des Français comptent sur les aides de l’État pour financer leurs projets de rénovation énergétique, un chiffre en baisse de 7 points par rapport à 2024. Par ailleurs, 35 % des personnes prévoyant des travaux déclarent être mal renseignées sur les subventions disponibles.

Perceptions erronées et besoin d’information

L’enquête de Rothelec souligne une méconnaissance des Français concernant l’empreinte carbone des différents systèmes de chauffage. Ainsi, 27 % estiment que le fioul est le plus émetteur de CO₂, suivi du bois (23 %) et du gaz naturel (15 %). Pourtant, en réalité, le fioul émet environ 324 gCO₂/kWh, le gaz 227 gCO₂/kWh, l’électricité 147 gCO₂/kWh, et le bois seulement 30 gCO₂/kWh. Cette confusion peut freiner l’adoption de solutions plus écologiques.

Pour accompagner les Français dans cette transition, une meilleure information sur les aides disponibles et les performances environnementales des différents systèmes de chauffage est essentielle. Des campagnes de sensibilisation ciblées pourraient lever les freins à l’adoption de solutions plus durables.

Chauffage et environnement : un impact encore trop méconnu

C’est un paradoxe à la française. Alors que l’urgence climatique s’impose dans tous les discours, les conséquences environnementales des systèmes de chauffage restent mal comprises, voire totalement ignorées.

Le fioul, par exemple, reste l’un des combustibles les plus émetteurs de CO₂. Il génère environ 324 grammes de dioxyde de carbone par kilowattheure produit. Une catastrophe climatique en bouteille, littéralement. Le gaz naturel, souvent présenté comme une alternative « raisonnable », affiche tout de même un bilan de 227 gCO₂/kWh. En comparaison, l’électricité française – majoritairement issue du nucléaire et de l’hydraulique – ne dépasse pas 147 gCO₂/kWh, selon les dernières données de l’Agence de la transition écologique (ADEME).

Mais l’angle mort du débat, c’est le bois. Plébiscité pour son aspect « naturel », il n’en reste pas moins problématique sur un autre plan : celui des particules fines. Si ses émissions de CO₂ sont faibles (environ 30 g/kWh), son usage dans des équipements anciens ou mal réglés contribue à la pollution de l’air, notamment dans les vallées enclavées. L’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) a alerté à plusieurs reprises sur ce point.

Du côté des pompes à chaleur, la performance est au rendez-vous : pour 1 kWh d’électricité consommé, elles peuvent restituer jusqu’à 3 à 4 kWh de chaleur. Une efficacité redoutable, qui les place en tête des solutions recommandées par les autorités environnementales. Mais là encore, tout dépend du mix énergétique qui alimente l’installation. Un système électrique couplé à du charbon, comme en Pologne, n’aurait pas du tout le même impact qu’en France.

Enfin, le chauffage solaire reste un idéal… trop souvent théorique. Moins de 1 % des ménages y ont recours, malgré un potentiel énorme dans certaines régions. Pourquoi ? Coûts d’installation, manque d’incitations, complexité technique : les freins sont nombreux, et rarement levés.

À force de messages brouillés et de dispositifs trop techniques, les Français hésitent. Ils veulent agir, mais ne savent pas comment. En matière de chauffage, l’ignorance coûte cher – pour le portefeuille comme pour la planète.

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Auteur : Jean-Baptiste Giraud

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Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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