Ces attaques meurtrières qui ont endeuillé le milieu scolaire

Le jeudi 24 avril 2025, à Nantes, une adolescente de 15 ans perdait la vie dans sa classe après avoir été poignardée sauvagement par un jeune homme. Peu de temps après ce passage à l’acte, François Bayrou a exprimé sa volonté « d’intensifier les contrôles aux abords des établissements » et évoqué la piste de portiques de sécurité. Un dispositif jugé inefficace par Philippe Legrand, membre du bureau régional de la CGT enseignement privé sous contrat.

Ce drame qui a bouleversé la ville rappelle que les lieux d’enseignement ne sont pas épargnés par des attaques meurtrières commises sur des élèves et des enseignants, et plus exceptionnellement des tueries de masse comme ce fut le cas à l’école juive Ozar-Hatorah en 2012.

De Conflans-Sainte-Honorine à Saint-Jean-de-Luz, d’un établissement à l’autre, les motivations et les modes d’action des agresseurs sont extrêmement variés. Retour sur les meurtres qui ont endeuillé le milieu scolaire au cours de ces 20 dernières années en France.

En 2005, une étudiante tuée à l’IUT d’Orléans

Le mercredi 22 juin 2005, Julia, 20 ans, alors en deuxième année de gestion des entreprises et administrations (GEA), participait à un cours à l’IUT d’Orléans, relatait un article du Monde. Lorsque soudain, un étudiant surgit dans la classe armé d’une carabine 22 long rifle, et tire trois balles quasiment à bout portant sur Julia. La jeune femme succombera à ses blessures quelque temps plus tard.

Le drame aurait pu être pire sans l’intervention du professeur qui a « ceinturé le jeune délinquant », le désarmant avant qu’il prenne la fuite, avait indiqué à l’époque Gérald Guillaumet, le président de l’université d’Orléans. L’auteur des coups de feu a pu être interpellé par la police 40 minutes après le drame, à environ 200 m de l’IUT. L’enquête révélera que le jeune homme était éperdument amoureux de Julia, au point de la harceler par message et de l’observer sans arrêt en classe ou ailleurs. Avant de quitter son studio, l’étudiant avait visionné le film Elephant qui retrace la tuerie de Columbine dans un lycée américain. Jean-Loup Hahn a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle, assorti d’une peine de sûreté de 20 ans.

En 2012, une école juive visée par une attaque terroriste

Au cours de la série d’attentats islamistes qui ont touché la France en 2012, une école a été prise pour cible par le terroriste Mohammed Merah. Le 19 mars, cet homme déboule à moto devant le collège-lycée Ozar-Hatorah et ouvre le feu. L’attaque revendiquée par un groupe lié à Al-Qaïda a fait quatre morts dont trois enfants et un blessé.

Le plan Vigipirate écarlate est alors décrété pour la région Midi-Pyrénées. Quelques jours plus tôt, l’homme avait assassiné froidement trois militaires, et blessé gravement un autre.

Les enquêteurs parviennent à localiser l’adresse du tueur. Des policiers du Raid encerclent son appartement à Toulouse. Après 32 heures de siège, le terroriste qui a revendiqué tous ses actes est abattu par la police. En 2019, Abdelkader Merah, le frère de Mohammed Merah, est condamné à 30 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste et complicité d’assassinats.

En 2014, une enseignante d’Albi meurt poignardée dans sa classe

Elle est décédée devant ses élèves. Le 4 juillet 2014, une enseignante de 34 ans de l’école primaire Edouard Herriot à Albi (Tarn) est morte après avoir été poignardée par une mère d’élève, rapportait Le Parisien. Celle-ci âgée de 47 ans, à l’époque, a été arrêtée quelques dizaines de minutes plus tard. Et hospitalisée d’office dans un hôpital psychiatrique. Benoit Hamon, le ministre de l’Education nationale d’alors, avait confirmé qu’elle était atteinte de « troubles psychiatriques sévères ». Quelques années plus tard, la justice déclarait l’auteur du meurtre irresponsable pénalement. Plusieurs experts avaient diagnostiqué un « délire paranoïaque » chez cette femme qui s’était convaincue que l’enseignante voulait lui « prendre sa fille », précisait son avocate.

En 2020, un professeur d’histoire-géo décapité

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, a été retrouvé mort décapité à proximité du collège de Conflans-Sainte-Honorine. Quelques jours plus tôt, l’enseignant avait montré en classe deux caricatures du prophète Mahomet issues du journal satirique Charlie Hebdo à des élèves de quatrième. Il avait proposé aux élèves choqués par ces images de sortir. La diffusion de ces caricatures a provoqué la colère de certains parents d’élève.

La photo, le nom et l’adresse de Samuel Paty sont partagés sur les réseaux sociaux, accompagnés de nombreux messages haineux. Selon Le Monde, le Parquet national antiterroriste (PNAT) avait requis des peines comprises entre 18 mois de prison avec sursis et 16 ans de réclusion criminelle contre les huit accusés, âgés de 22 à 65 ans. Quatre d’entre eux soupçonnés d’être impliqués, à des degrés divers dans l’assassinat, seront jugés en appel du 26 janvier au 27 février 2026.

En 2023, une enseignante poignardée à Saint-Jean-de-Luz

Le 22 février 2023, Agnès Lassale, une professeur d’espagnol du collège Saint-Thomas d’Aquin à Saint-Jean-de-Luz, était poignardée en plein cours par un élève de seconde. L’enseignante âgée de 52 ans est décédée peu de temps après son agression. Selon les récits de ses camarades, l’adolescent a porté un seul coup à la poitrine de sa professeure alors qu’elle écrivait au tableau, avec un couteau dissimulé dans un rouleau de sopalin. « J’ai ruiné ma vie, tout est fini », aurait-il déclaré juste après l’acte, faisant allusion aussi à « quelqu’un qui aurait pris possession de son corps », a précisé le procureur.

Pendant sa garde à vue, il a notamment évoqué « une petite voix qui lui parle, un être égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire mal… ». Le jeune garçon faisait l’objet d’un suivi psychiatrique et avait tenté de mettre fin à ses jours en ingérant des médicaments en octobre 2022. Il avait été victime de harcèlement scolaire dans son précédent établissement. Mis en examen pour assassinat, l’auteur du coup de couteau a été placé en détention provisoire.

Selon Le Figaro, deux expertises psychiatriques, réalisées en mai 2023 et avril 2024, avaient conclu que l’adolescent était accessible à une responsabilité pénale. Mais une troisième expertise rendue en décembre 2024 a pris le contre-pied des deux premières, en concluant à une abolition du discernement de l’adolescent.

En janvier dernier, après une longue enquête, le parquet a demandé au juge d’instruction de renvoyer le jeune suspect devant la cour d’assises des mineurs pour assassinat avec préméditation, rapporte Ici Pays basque, ex France Bleu Pays basque.

En 2023, une cité scolaire visée par une attaque terroriste

Trois ans après l’assassinat du professeur Samuel Paty, Dominique Bernard, un professeur de français au collège de la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras mourait devant son établissement après avoir été poignardé par Mohammed Mogouchkov. Lors de son attaque, l’assaillant, armé de deux couteaux, a blessé un enseignant au visage qui tentait de s’interposer, un agent technique et un chef cuisinier, touché gravement au thorax. Des policiers sont finalement parvenus à l’interpeller en faisant usage d’un taser à deux reprises, raconte cet article de la rédaction numérique de France Inter.

Mis en examen pour « assassinat et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », il a été incarcéré au centre pénitentiaire de Meaux (Seine-et-Marne).

Plus de 2.000 personnes ont rendu hommage à Dominique Bernard, dimanche 13 octobre 2024, à Arras.  - Hans Lucas via AFP

Lors de ses interrogatoires, Mohammed Mogouchkov a avoué avoir ciblé le professeur de français Dominique Bernard car il enseignait « l’une des matières où on transmet la passion, l’amour, l’attachement au système en général de la République, de la démocratie, des droits de l’homme ». Revendiquant son acte au nom de l’Etat islamique, il a également déclaré avoir préparé son attentat quelques semaines auparavant.

Fiché pour radicalisation islamiste depuis février 2021, Mohammed Mogouchkov avait par ailleurs été l’objet d’une enquête judiciaire fin 2022, soupçonné d’avoir exercé des violences sur l’une de ses petites sœurs, partisane d’un islam trop modéré à son goût. « Son père était fiché S., son frère était quelqu’un de radical », avait déclaré Gérald Darmanin, alors ministère de l’intérieur.



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