
Le parquet fédéral allemand a annoncé mardi 29 avril la mise en accusation de deux personnes soupçonnées d’espionnage pour les services de renseignement chinois, dont un ancien collaborateur du député allemand d’extrême droite Maximilian Krah.
L’institution basée à Karlsruhe a requis un procès contre l’homme identifié lors de son arrestation comme Jian Guo. Ce citoyen allemand était « employé depuis 2002 par un service secret chinois », a-t-elle affirmé dans un communiqué.
Le parquet a aussi mis en accusation une autre agente présumée des renseignements chinois, désignée comme Yaqi X., soupçonnée d’avoir livré à Jian Guo des informations liées notamment au domaine du transport d’équipements militaires, ainsi que sur des individus « ayant des liens avec une entreprise allemande d’armement ».
Le magazine Der Spiegel avait affirmé qu’il s’agissait du grand groupe de défense Rheinmetall, un des fabricants du char de combat Leopard, livré notamment à l’Ukraine.
Les deux accusés se trouvent toujours en détention provisoire avant un éventuel procès.
L’arrestation de Jian Guo en avril 2024 avait fait grand bruit. Depuis septembre 2019, il avait été l’assistant de Maximilian Krah, alors eurodéputé, et avait « utilisé cette fonction pour collecter des informations » concernant « les avis et décisions du Parlement européen », affirme le parquet fédéral.
Ce dernier l’accuse dans le détail de s’être procuré « plus de 500 documents », dont certains « classés comme particulièrement sensibles », d’avoir « collecté des informations sur des dirigeants politiques de l’AfD » et d’avoir « espionné des opposants et dissidents chinois en Allemagne ».
Yaqi X., qui avait été arrêtée fin septembre 2024, était employée par une entreprise qui fournit des services logistiques à l’aéroport de Leipzig/Halle.
Survenue juste après l’arrestation de trois autres agents chinois présumés par les autorités allemandes, dont le procès commencera mi-mai, celle de Jian Guo avait nourri les craintes d’interférences de Pékin dans la politique de l’UE.
La Chine avait protesté contre une « manipulation politique » et une « diffamation malveillante » à son égard.
Maximilian Krah est passé fin mars du Parlement européen au parlement allemand, après le score historique du parti allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivé deuxième des élections législatives.
Cet avocat de 48 ans avait été banni des instances dirigeantes du parti d’extrême droite après plusieurs dérapages.
Il avait fait scandale en estimant qu’un SS n’était « pas automatiquement un criminel », ce qui avait conduit à une rupture au Parlement européen avec le parti d’extrême droite français Rassemblement national (RN).
Maximilian Krah est lui-même soupçonné d’avoir accepté de l’argent d’un réseau pro-russe, ce qu’il nie formellement.