Artisanat et Bricolage

Yves-Marie Le Bourdonnec, boucher star

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Quand le plus célèbre des ex-DRH, David Abiker, journaliste à Paris Première et Europe 1, rencontre le boucher le plus connu de France…

Je me souviens d’un prof de gestion qui nous disait: «Dans la vie des affaires, c’est oui ou c’est non. Si vous ne décidez pas, vous perdez de l’argent.» Trancher dans le vif s’apprend, mais n’est pas toujours évident. J’ai donc interrogé un homme dont c’est le métier, le boucher Yves-Marie Le Bourdonnec. Il me confirme d’ailleurs que l’expression vient bien de la boucherie. «Ca consiste à couper le muscle d’un coup. Sinon, on abîme la viande. Il ne faut pas se rater ou alors on gaspille.» Et de m’indiquer que l’ustensile adéquat est bien cet énorme couteau qu’on retrouve dans les films d’épouvante…

Dans ses affaires aussi, le boucher n’hésite pas à trancher d’un coup sec. «J’ai pris les grandes décisions de ma vie très vite, les bonnes comme les mauvaises. Presque sur des impulsions.» Ainsi, à 21 ans, déterminé à s’installer à son compte, il la joue au culot chez le banquier et lui demande un prêt, convaincu que ce sera non. Et c’est oui! «Chaque fois que j’ai créé quelque chose, j’ai décidé d’abord et me suis soucié des moyens ensuite. Parfois, ça marche.»

Et parfois non. Au milieu des années 2000, par exemple, il s’est engagé trop vite avec des partenaires, avant de s’en mordre les doigts. Il lui est arrivé aussi, misant sur leur personnalité, d’embaucher d’ex-cols blancs en quête de reconversion, quitte à se tromper. «Pour me séparer d’un collaborateur inefficace, je me mets au travail à côté de lui et je fais vite et mieux, pour lui faire comprendre qu’il n’est pas au niveau, qu’il ne travaille pas assez et qu’il doit peut-être en tirer les conséquences en s’en allant.»

En fait, au quotidien, le boucher se sert alternativement de cette méthode rapide, qui lui permet d’avancer vite, de se projeter dans l’action, et d’une approche plus réfléchie, qui lui permet de mûrir un choix ou un projet. Les deux étant parfaitement complémentaires. Ainsi, quand il a voulu récemment investir dans un laboratoire de découpe capable d’approvisionner ses quatre boucheries, il a d’abord testé l’installation avant de renoncer trois mois plus tard. «J’ai besoin de faire pour décider ensuite, mais parfois j’ai besoin de décider immédiatement pour faire après.» Par exemple, Le Bourdon nec a choisi de ne pas attendre d’avoir créé l’école de boucherie à laquelle il songe depuis longtemps pour former lui-même les artisans qui manquent dans sa profession.

Cette façon de fonctionner, qui emprunte à l’empirisme autant qu’au coup de tête, confirme qu’une décision, c’est comme une côte de bœuf: il faut de la maturation et en même temps il faut la prendre rapidement, comme on saisit la viande lors de la cuisson. Le Bourdonnec a eu la vocation quand son oncle l’a mis à l’épreuve, il y a trente-cinq ans. «Il y avait 40 porcs à égorger, il m’a dit: «Si tu es capable de tuer les bêtes auxquelles tu t’es attaché, tu seras boucher.»» Le Bourdonnec avait 14 ans quand il a égorgé en deux heures ses 40 premiers cochons. C’est en tranchant qu’il a décidé ou peut-être en le décidant qu’il s’est mis à trancher…

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Artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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