Santé

« Une rencontre d’amour et d’humour » : depuis 29 ans, les Clowns de l’Espoir rendent visite aux enfants malades dans les hôpitaux

On les appelle les artistes hospitaliers. Ces clowns professionnels interviennent dans les services pédiatriques, auprès d’enfants malades. Les Clowns de l’Espoir, nés en 1996 dans le Nord, essaiment à travers tous les Hauts de France. Ils se sont installés à l’automne dernier à Amiens, pour mieux répondre aux attentes des enfants et des personnels dans les hôpitaux.

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Arrivés dans la Somme en octobre 2024, chaque semaine, les Clowns de l’Espoir tentent d’adoucir le quotidien des enfants malades dans les hôpitaux de Compiègne, dans l’Oise, et de Saint-Quentin, dans l’Aisne. Une liste loin d’être définitive, car d’autres hôpitaux de la région se sont montrés intéressés par leurs interventions, à la fois poétiques et ludiques.

Une mission en terre picarde, pour laquelle une équipe de clowns hospitaliers a été recrutée et formée. « Nous sommes une équipe de sept artistes hospitaliers salariés« , explique l’amiénoise Ingrid Soler, animatrice de l’équipe picarde pour les Clowns de l’Espoir. « Nous sommes tous des professionnels, au statut bien défini, et nous avons été formés en interne car ce métier est très particulier« .

En effet, entrer dans un univers hospitalier, en service pédiatrique en particulier, nécessite une connaissance approfondie des codes qui régissent cet univers :  » lors de notre formation, on a travaillé l’artistique bien sûr, mais surtout, il nous a fallu appréhender les règles à respecter dans les services, apprendre à identifier les pathologies, les rythmes inhérents aux hôpitaux, les besoins des enfants selon leur âge« , poursuit Ingrid Soler.

On ne vient pas donner un spectacle, on vient rencontrer un enfant.

Ingrid Soler, responsable des Clowns de l’Espoir, antenne d’Amiens

Sous le nez rouge du clown, des professionnels aux ressentis subtils : « Lorsque nous intervenons dans les services pédiatriques, il faut savoir que rien n’est préparé, tout est improvisé. Dès que l’on pose le pied dans une chambre d’enfant, on active nos radars à 360 degrés. On capte immédiatement tout ce qui se passe dans la pièce : l’humeur de l’enfant, la relation à son parent, sa réaction lorsqu’il nous voit« , note Ingrid Soler.

La clé : être juste dans son comportement grâce à une attention de tous les instants : « Parfois, les petits patients ont besoin de joie, de folie… D’autres, de douceur, de poésie ou simplement de calme. C’est très variable ce que l’on va vivre« , poursuit Ingrid Soler.

Les Clowns de l’Espoir sont des artistes professionnels, formés tout spécialement pour intervenir auprès d’enfants en milieu hospitalier.

© ©BARBARA GROSSMANN

Les petits patients visités par les Clowns de l’Espoir ont des âges très divers : « Cela va de la naissance, les tout-petits, à des jeunes majeurs de 18 ans. Et les pathologies dont ils sont atteints, en pédiatrie générale, sont très diverses : une bronchiolite, une grippe, une opération légère, des soins réguliers pour une affection longue, type diabète par exemple« .

Ingrid Soler qui note la présence accrue d’adolescents hospitalisés pour une souffrance psychique : « Ils sont de plus en plus nombreux. La plupart ont eu des parcours de vie accidentés, ils souffrent de troubles alimentaires, entre autres« .

Les Clowns de l’Espoir interviennent les lundis et les mardis après-midi dans les hôpitaux de Saint-Quentin et de Compiègne. Trois heures durant, ils se rendent de chambre en chambre au chevet d’une vingtaine d’enfants.

« À notre entrée dans le service, on débute toujours par une déambulation en musique, c’est une façon d’annoncer notre arrivée à tout le monde« , précise Ingrid Soler. « En tout cas, on ne repart pas tant que nous n’avons pas visité chaque enfant« .

Lors de leurs interventions dans les services pédiatriques, les Clowns de l’Espoir ne repartent jamais sans avoir visité chacun des enfants.

© BARBARA GROSSMANN

Aux bébés, les Clowns de l’Espoir, prodiguent caresses et chants : « Bien sûr, avant tout contact, on applique strictement le protocole d’hygiène de l’hôpital. On se lave les mains, on porte des blouses et des gants si nécessaires, selon la pathologie. Mais toucher un tout-petit, cela l’apaise. Chanter aussi, c’est un extraordinaire vecteur d’émotions« .

Avec les patients un peu plus âgés, les artistes hospitaliers organisent des batailles de boulettes, des jeux d’eau… Tout est bon pour détourner, ne serait-ce que cinq minutes, l’attention de l’enfant de son quotidien souvent pesant : « On peut aussi décider de redécorer la chambre avec du papier toilette, déguiser les parents s’ils sont présents, faire une chenille dans le couloir. Bref, on met le bazar, c’est une façon pour les petits patients de reprendre le pouvoir sur les soins qu’on leur impose« .

Parfois, le clown est convié par l’équipe soignante à participer aux soins, surtout s’ils sont douloureux : « Les enfants peuvent faire un rejet des blouses blanches. On est alors là avec lui, pour tenter de lui apporter de la sérénité« , ajoute Ingrid Soler.

« Le clown est un être sensible et sans filtre. C’est vrai aussi pour les parents et les soignants« , note Ingrid Soler, Clown du Coeur depuis un an. « Souvent, on a les confidences des enfants mais celles des adultes aussi. Il faut dire que l’on vit ensemble des moments intenses. Je dirais même magiques« .

Les Clowns du Coeur sont associés à la démarche thérapeutique globale. Ils interviennent sur décision de la direction de l’hôpital : « On fait partie intégrante de l’équipe. Dès que le contrat est signé avec l’établissement hospitalier, on se concerte avec les soignants. Cette relation, basée sur la confiance, est un des piliers de notre action.« 

Et peu à peu, au fil des visites, les soignants et les artistes hospitaliers forment un vrai binôme.

Au fil de leurs visites hebdomadaires, les Clowns de l’Espoir n’apportent pas de réconfort qu’aux enfants, mais aux soignants aussi.

© Clowns de l’Espoir

« On prend aussi soin d’eux car le contexte n’est pas facile, et quand une infirmière arrive en dansant avec un clown, soudain le regard sur son métier, celui des parents et des enfants, change. Il s’humanise« .

Pour l’hôpital et les petits patients, la présence de ces hommes et femmes animés du seul désir de faire plaisir est une fenêtre nécessaire sur un ailleurs plus léger. « Et cela ne coûte rien à l’hôpital. Il faut savoir que nous bénéficions de l’appui financier de la Région Hauts-de-France, de certains départements, de la CPAM, la CAF et l’ARS« .

Ce qui nous fait surtout vivre, ce sont les dons

Ingrid Soler, responsable des Clowns de l’Espoir, antenne d’Amiens

Plus de 50 % du budget des Clowns de l’Espoir est constitué par des dons, de particuliers mais aussi d’entreprises. Dons défiscalisés bien entendu.

« Je veux attirer l’attention également sur notre équipe de bénévoles, qui se dévoue toute l’année pour collecter des dons, au travers d’une multitude d’événements. J’en profite d’ailleurs pour lancer un appel aux bonnes volontés car nous cherchons à renforcer nos effectifs ».

Les Clowns de l’Espoir font souffler un air de gaieté dans les services de pédiatrie. Un optimisme bienvenu aussi pour les parents.

© Clowns de l’Espoir

Si vous voulez en savoir plus sur les Clowns de l’Espoir, rendez-vous au cinéma Pathé à Amiens, ce vendredi 16 mai à 19h. À l’issue de la projection du film Sur Un Fil, de Reda Kateb, le public est invité à un temps d’échange avec les clowns hospitaliers de l’antenne picarde.

« Tout le monde peut être concerné par la maladie d’un enfant, malheureusement« , conclut Ingrid Soler, alias « Lady Zou » lorsqu’elle porte son nez rouge. « Et en cas de maladie infantile, bénigne ou pas, on sait à quel point l’amour et l’humour sont importants« .



Auteur : Yolande Malgras

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Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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