Trump, idiot utile ? Non. Miroir utile. De ce que l’Europe pourrait devenir.
Les 100 premiers jours de la deuxième ère Trump ont fait bien plus que jeter les États-Unis dans le chaos : ils nous tendent un miroir. Et ce miroir, nous ferions bien, en Europe, de ne pas le briser sous prétexte qu’il renvoie une image qui dérange.
Trump gouverne par impulsions, théâtralise l’autoritarisme en direct depuis le Bureau ovale, humilie ses alliés, flatte ses ennemis, et donne raison à ceux qui pensent que la démocratie n’est plus qu’un décor de studio. À ceux qui croyaient que le fascisme moderne se ferait en chemises noires, Trump répond : il suffit d’un costume mal taillé, d’un compte X (ex-Twitter), et de l’oubli collectif comme carburant.
Mais le plus glaçant n’est pas ce que Trump fait — c’est ce qu’il inspire. Car son alignement sur l’agenda de Poutine, sa fascination pour Xi Jinping, son mépris pour les droits humains et son goût prononcé pour les coups de force sous couvert de « patriotisme » ont trouvé des échos… ici, chez nous. En France. En Italie. En Hongrie. En Allemagne. En Autriche.
Le trumpisme est devenu un logiciel exportable. Et en France, certains l’ont déjà installé.
Le discours est rodé : « les élites nous trahissent », « le peuple a toujours raison », « l’État est infiltré », « la presse ment ». Même les frasques personnelles, jadis disqualifiantes, sont devenues des preuves de « virilité politique ». Comme Trump, certains rêvent de remplacer l’État de droit par le droit d’être brutal.
L’Europe, fascinée par l’ordre factice, flirte avec son propre effondrement.
À force de banaliser les discours racistes, de justifier les violences policières, de tolérer les attaques contre les institutions indépendantes, certains électeurs glissent lentement vers ce qu’ils pensent être une réponse… et qui n’est en réalité qu’un suicide démocratique à peine déguisé.
Car Trump n’a pas « sauvé l’Amérique ». Il l’a fracturée. Il l’a transformée en terrain de guerre culturel permanent. Il a offert aux dictatures du monde une démonstration magistrale : regardez, même la première démocratie du monde peut être sabotée de l’intérieur avec le sourire d’un clown et le cynisme d’un vendeur de mensonges.
Alors posons la vraie question : sommes-nous prêts à vivre notre propre « moment Trump » en Europe ?
À ceux qui rêvent d’un Zemmour à l’Élysée, d’une Le Pen qui « remettrait de l’ordre », ou d’un Orban francisé : regardez bien ce qu’est devenu Trump. Regardez l’Amérique sous sa coupe. Et demandez-vous si vous êtes prêts à voir vos libertés échangées contre une illusion de puissance. Car ce type de pouvoir ne fait pas qu’écraser ses adversaires. Il finit toujours par trahir ceux qui l’ont élu.