
Par Artia13 | Actualités critiques et contre-discours
1. Le « déficit » du système de retraites : une peur bien orchestrée Contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, le système de retraites n’était pas en déficit en 2022. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), il était même légèrement excédentaire en 2021 (+0,1 % du PIB). Source : Rapport annuel du COR, septembre 2022 (lien officiel). Il s’agit donc d’un choix politique d’agir, et non d’une obligation comptable.
« Les dépenses de retraite sont globalement stabilisées en part de PIB à moyen-long terme, dans la plupart des scénarios envisagés. » — Rapport COR 2022
2. Des prévisions floues pour alarmer les esprits Les « déficits futurs » prévus d’ici 2030-2040 reposent sur des hypothèses discutables. Selon les scénarios du COR, le déficit annuel pourrait atteindre 0,5 à 0,8 % du PIB. Soit autour de 12 à 18 milliards d’euros, dans un budget public total de plus de 1 500 milliards. À titre de comparaison :
- Le budget de la défense s’élevait à plus de 43 milliards d’euros en 2023,
- Celui de l’éducation nationale à environ 60 milliards,
- Et le budget de l’écologie et de la transition énergétique à environ 50 milliards.
« Le déficit projeté reste modéré et pourrait être comblé par des ajustements limités, sans nécessité d’une réforme structurelle. » — Alternatives Économiques, 2023
3. Une décision politique assumée Même le COR le reconnaît : la réforme des retraites est un choix de société. Le régime est soutenable à condition de faire des choix budgétaires différents. Allonger la durée de travail n’est qu’une option parmi d’autres.
Les partis opposés à la réforme, comme La France Insoumise (LFI), Europe Écologie-Les Verts (EELV) ou le Parti Communiste Français (PCF), proposent des alternatives claires et chiffrées :
- LFI défend une retraite à 60 ans financée par une hausse des cotisations patronales sur les hauts salaires, une taxation progressive des dividendes et la création d’une contribution exceptionnelle sur les grandes fortunes.
- EELV propose d’augmenter la contribution du capital et de flécher une partie des recettes fiscales écologiques vers la solidarité intergénérationnelle.
- Le PCF plaide pour la revalorisation des salaires, un plafonnement des exonérations fiscales, et un retour de l’ISF renforcé.
« Taxer le capital pour financer les retraites est une option économiquement viable et socialement juste. » — Thomas Piketty
4. Le coût de la politique fiscale depuis 2018 Depuis le premier quinquennat Macron, plus de 15 milliards d’euros par an ont été supprimés via des réformes fiscales : suppression de l’ISF (~3,5 Md€/an), flat tax sur les dividendes (~1,5 Md€), baisse des impôts de production (~10 Md€).
5. Qui paie vraiment l’effort collectif ? Le système fiscal reste progressif sur le papier, mais les niches fiscales et l’optimisation réduisent la contribution effective des très hauts revenus. Selon l’Institut des politiques publiques (IPP), le 0,1% des plus riches paie en proportion moins que certains cadres moyens.
« En réalité, les 0,1 % les plus riches bénéficient d’un taux d’imposition effectif plus faible que les classes moyennes. » — IPP, Rapport 2022
6. La démographie : un faux alibi ? Certes, la France vieillit. Mais la productivité augmente, et la masse salariale aussi. Le ratio actifs/inactifs n’est qu’un indicateur parmi d’autres. On pourrait choisir de faire contribuer le capital plutôt que d’allonger les carrières.
7. L’effet sur les plus précaires : une réforme injuste Les carrières longues, les femmes, les travailleurs pauvres sont les plus touchés. L’étude de l’INSEE montre que l’espérance de vie en bonne santé est inférieure à 65 ans pour les ouvriers. Reporter l’âge de départ revient à réduire leurs années de retraite.
8. Des alternatives existent : pourquoi sont-elles écartées ? Taxer les super-dividendes, augmenter les cotisations patronales sur les hauts salaires, créer une contribution climat-retraite… Autant de pistes économiques évacuées du débat public.
Voici quelques exemples chiffrés issus de programmes politiques :
- LFI propose une retraite à 60 ans financée par une cotisation additionnelle de 3 % sur les revenus supérieurs à 400 000 €/an, ainsi qu’une contribution exceptionnelle de 5 % sur les dividendes annuels supérieurs à 10 000 €.
- EELV prévoit de créer une contribution sur les dividendes polluants et de réallouer 5 à 7 milliards d’euros issus des niches fiscales écocides vers les retraites et les services publics.
- Le PCF chiffre à plus de 20 milliards d’euros les recettes générées par le retour d’un ISF renforcé couplé à la suppression du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital.
« Ce qui manque à la réforme, ce n’est pas un financement, mais une volonté politique de faire contribuer les plus riches. » — Basta! Média
9. La stratégie du « TINA » : There Is No Alternative En imposant l’idée que la réforme est inévitable, le gouvernement joue sur un biais cognitif puissant : le fatalisme. Pourtant, l’économie est toujours une affaire de choix, pas de destin.
10. Ce qu’on ne vous dit pas à la télé Les grands médias répètent souvent les éléments de langage gouvernementaux sans les interroger. Pourtant, des sources critiques existent. Pour approfondir l’analyse médiatique et découvrir d’autres lectures du débat sur les retraites, on peut se tourner vers :
- Arrêt sur images : décryptages de la rhétorique médiatique
- Acrimed : analyses de la concentration des médias et de leurs biais
- Basta! : enquêtes sociales et économiques indépendantes
« L’espace du débat médiatique est de plus en plus restreint. Il devient difficile d’exprimer des désaccords fondamentaux. » — Acrimed
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