Pierre Moscovici : « Nos finances publiques sont à la cote d’alerte »
LA TRIBUNE- De nombreux travaux de plusieurs commissions d’enquête parlementaires et de la Cour des comptes ont jeté une lumière crue sur les dérives des finances publiques. Le gouvernement a-t-il tiré les leçons des années 2023 et 2024 ?
PIERRE MOSCOVICI – La Cour a constaté des améliorations visibles. Les pouvoirs publics ont réalisé que des erreurs de prévision massives ont été commises et ne pouvaient pas se reproduire. Dans le même temps, toutes les leçons des deux dernières années n’ont pas été tirées. 2023 et 2024 ont été des années noires pour les finances publiques. Nous devons absolument éviter les approximations qui ont conduit à la surestimation de la croissance économique, des recettes et des dépenses publiques.
L’année 2024 a vu un écart de 1,4 point de PIB entre le déficit prévu et celui réalisé. C’est un écart sans précédent hors crise. Cela place la France dans une situation extrêmement difficile. L’écart pour parvenir à 3 % de déficit a plus que doublé, pour passer de 50 milliards à 110 milliards d’euros. Dès 2026, la France devrait être le seul pays de la zone euro avec un déficit au-dessus de 3 %. Nous devons encore progresser sur les prévisions de recettes, de croissance et de dépenses. J’ai récemment poussé un « coup de gueule » sur la certification des comptes de l’Etat, en demandant un plan de résorption des réserves soulevées par la Cour. Je pense que ce message est entendu.
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