OPINION. « Remettre l’emploi au cœur de notre boussole économique, une priorité »
Depuis plusieurs mois, un malaise s’installe : des usines ferment discrètement, le chômage repart à la hausse et les tensions économiques et géopolitiques s’intensifient.
Selon la Dares, l’emploi salarié privé s’est replié de 0,3 % au quatrième trimestre 2024. En janvier 2025 le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail a augmenté de 3,5 % en un mois. Alors que le mur de la dette inquiète, celui du chômage s’érige à la hauteur des enjeux.
La création d’emplois doit redevenir notre priorité absolue. Elle conditionne notre prospérité économique et sociale. Pourtant, ce cap essentiel semble perdu de vue au profit de débats souvent accessoires et de politiques fiscales parfois contre-productives.
Entre juillet et novembre 2024, nous avons assisté à un véritable concours Lépine de la fiscalité, avec une inflation réglementaire et fiscale qui a freiné les investissements et instillé la peur chez les entrepreneurs. Beaucoup ont préféré reporter, voire annuler leurs projets, limitant ainsi la création d’emplois. Or, sans investissement, pas de croissance, et sans croissance, pas d’emploi.
Ces mois de débats ont donné lieu à une prise de conscience collective, comme nous l’enseignent les dernières enquêtes d’opinion, mettant en lumière qu’une courte majorité de Français s’opposaient désormais à une hausse de la fiscalité sur les entreprises.
Dans ce contexte, la mise en œuvre de nouvelles régulations comme la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) ajoute, encore, une couche à la complexité administrative. Certes, les premières mesures proposées par la Commission européenne dans le cadre de la réforme Omnibus vont dans le bon sens en allégeant certaines contraintes pour les entreprises, mais elles doivent être amplifiées. Car la simplification de notre environnement économique est indispensable. Nous devons lever les barrières administratives et fiscales pour que nos entreprises puissent embaucher, se développer et affronter une concurrence de plus en plus agressive, particulièrement depuis la réélection de Donald Trump.
À ce titre, la balance commerciale devient un indicateur clé. Elle reflète notre capacité à exporter les savoir-faire de nos ETI. Un déséquilibre trop important pénaliserait directement la création d’emploi en France et en Europe. Inversement, l’améliorer, c’est créer les conditions d’un plein emploi durable et réparti dans des secteurs stratégiques.
Aussi, nous percevons aujourd’hui les premières manifestations de la révolution de l’intelligence artificielle. Cette technologie pourrait transformer des secteurs entiers et, mal anticipée, pourrait fragiliser des emplois. Cependant elle représente aussi une formidable opportunité, à condition d’adopter une politique ambitieuse de formation et de montée en compétences. « Ce qui ne peut être évité doit être embrassé », disait William Shakespeare : charge à nous de transformer cette révolution technologique en levier d’emploi et de progrès.
Dès lors, chaque décision économique et fiscale doit répondre à une question simple : crée-t-elle de l’emploi ? L’histoire nous a montré que bien des responsables politiques ont débuté leur mandat avec cette priorité, avant de s’en éloigner sous le poids d’autres urgences. Aujourd’hui, nous devons retrouver cette ambition.
Réindustrialiser, innover, former : la France doit retrouver sa boussole. L’emploi n’est pas seulement un indicateur économique : c’est un impératif collectif, un facteur d’inclusion et de stabilité sociale. La prospérité de demain dépend des décisions que nous prenons aujourd’hui.
Il nous faut renouer avec l’élan qui a porté notre pays ces dix dernières années : créer de l’emploi pour garantir un avenir prospère et solidaire.
(*) Signataire : Bertrand Laurioz, PDG du Groupe Dékuple.
Co-signtaires : Samuel Tual, Président d’Actual group, Emmanuel Vasseneix, président de LSDH, Olivier Dambricourt, Président-directeur général de Moret Industries, Guillaume David, Président, Groupe Solstyce Sas, Xavier Gagey, président du directoire du Groupe Pochet.
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