On vous explique l’affaire des vols de documents et les perquisitions chez Sébastien Delogu
Au lendemain de la double perquisition au domicile et à la permanence du député Sébastien Delogu (LFI), le parquet de Marseille a détaillé dans un long communiqué les raisons de ces recherches. Et elles ne sont pas celles avancées par le parlementaire.
Un rebondissement de plus dans une affaire explosive. Avec le communiqué du parquet de Marseille, publié vendredi 16 mai dans la soirée, l’affaire impliquant Sébastien Delogu et la société Laser Propreté semble prendre une autre tournure. Près de 24 heures après la double perquisition, le procureur de la ville est longuement revenu sur l’enquête en cours et il contredit en partie les propos du député LFI de Marseille. France 3 Provence-Alpes fait le point sur cette affaire.
De quelle affaire parle-t-on ?
Les faits remontent à septembre 2024, quand Sébastien Delogu avait décidé de saisir la justice au sujet de la gestion de la société Laser Propreté, une société de nettoyage de la gare Saint-Charles et du réseau de transports RTM en raison de suspicions de « détournements de fonds » subsistaient au sein de cette société. À l’époque, cette société avait multiplié les mouvements sociaux au cours de plusieurs mois pour finir par voir son contrat avec la SNCF résilié.
En compagnie du député LFI Manuel Bompard, Sébastien Delogu avait apporté son soutien aux salariés de Laser propreté. Le 6 septembre dernier, le député avait envoyé un signalement au procureur, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, pour dénoncer des faits qu’il estimait délictueux dans la gestion de la société de nettoyage de la RTM et de la gare Saint-Charles.
Qu’affirme Sébastien Delogu ?
Huit mois plus tard, la permanence parlementaire et le domicile du député LFI de Marseille Sébastien Delogu sont perquisitionnés dans la matinée du jeudi 15 mai. Selon le parquet, ces perquisitions interviennent le cadre d’une enquête préliminaire ouverte en 2024 pour des faits présumés de “vol, recel de vol, mise en danger par révélation d’information relative à la vie privée par communication publique en ligne et atteinte au secret des correspondances ».
Dans la presse, Sébastien Delogu s’est ému de cette enquête. Pour lui, elle est en lien direct avec la dénonciation du « délit » et de son signalement en septembre dernier contre la société Laser Propreté. « Les policiers de la brigade financière recherchaient les documents qui venaient en appui de mon signalement au procureur du 6 septembre dernier », a assuré le parlementaire à Marsactu.
Une enquête et un « acharnement ciblé » dénoncés très vite par Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, dans un long tweet de soutien à son collègue, mais aussi par Jean-Luc Mélenchon. C’est « le monde à l’envers ! » a pour sa part affirmé le patron de LFI.
Quelles sont les explications du parquet ?
Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille contredit le député dans un communiqué, publié vendredi 16 mai dans la soirée. « Contrairement à la communication erronée relayée dans la presse et sur les réseaux sociaux notamment par Sébastien Delogu, ces perquisitions sont sans aucun lien avec l’article 40 dont ce dernier a saisi le procureur », a expliqué le procureur.
Par ailleurs, le parquet précise qu’une enquête a bien été ouverte dix jours après le signalement de Sébastien Delogu et qu’elle est toujours en cours. Les perquisitions ne visaient pas à « récupérer des documents transmis« , par Sébastien Delogu, comme l’affirmait le parlementaire.
Mais alors, quelles sont les raisons de ces perquisitions ?
Pourquoi les enquêteurs de la brigade financière se sont-ils rendus au domicile et à la permanence du député ? L’affaire est bien liée à la société Laser Propreté. Le parquet explique que le 19 septembre, une délégation syndicale de la CGT « envahissait les locaux de la société » Laser Propreté et y était restée pendant trois heures.
« Au départ de la délégation, le plaignant s’apercevait qu’une pochette avait été dérobée dans son bureau qui contenait des documents ayant trait à sa vie privée« , détaille le procureur. Le plaignant est Isidore Aragones, avocat à la retraite et dirigeant temporaire de Laser Propreté, selon le procureur de Marseille. L’ancien avocat avait été missionné au sein de la société Laser Propreté le 12 septembre 2024 pour prendre la tête du conseil d’administration, sans n’avoir jamais été actionnaire ni n’avoir exercé de responsabilité dans la société auparavant. Il en a démissionné trois semaines plus tard.
Or selon la justice, fin septembre, Sébastien Delogu a diffusé aux 95 000 abonnés de son compte Instagram, « une grande partie des documents dérobés à Isidore Aragones en évoquant ses liens avec Israël, ainsi que ses projets financiers personnels, et en précisant que des gens bienveillants les leur avaient transmis« .
Le Parisien a révélé qu’une plainte avait été déposée début octobre 2024 par Isidore Aragones qui est aussi ex-président du Conseil représentatif des institutions juives de France de Marseille. Une information confirmée par le parquet marseillais qui précise avoir ouvert une enquête le 30 octobre.
La perquisition du 15 mai visait donc à rechercher ces documents volés et identifier les personnes ayant commis le vol. Selon le parquet, les investigations se poursuivent afin d’identifier l’ensemble des auteurs de ces faits et de déterminer les responsabilités.
Auteur : Marie Bail
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