Agriculture

“On arrête avec le passé et on va de l’avant” : on a suivi la visite de la députée Dominique Voynet à la fromagerie Monnin, condamnée pour pollution

Condamnée en 2022 pour pollution et infraction à la réglementation des installations classées, la fromagerie Monnin de Chantrans (Doubs), a reçu la visite de la députée écologiste Dominique Voynet, en pleine polémique au sujet de la filière comté et de la pollution qu’elle provoque. On vous explique.

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La visite de la fromagerie Monnin à Chantrans (Doubs) était prévue de longue date. Rien à voir avec l’actualité de la filière comté et de la pollution des rivières, nous assure-t-on. Elle arrive en tout cas à point nommé pour un entrepreneur qui veut réparer une réputation ternie par un procès et un appel en attente. Pour Dominique Voynet qui préfère le dialogue au conflit, la mission semble réussie.

Notre présence n’était d’abord pas souhaitée et même refusée. Mais le sujet du comté et de tout ce qui en découle est trop important pour la région pour que l’on passe à côté d’une visite de la députée écologiste du Doubs dans une fromagerie condamnée en 2022 pour pollution et infraction à la réglementation des installations classées.

 
Par deux fois, en 2018 et 2020, la préfecture du Doubs avait demandé à l’industriel comtois de réduire son volume de traitement de lait car sa station d’épuration était sous-dimensionnée, ce qui n’avait pas été fait à l’époque. Condamnée à 70 000 euros d’amende dont 40 000 avec sursis, la société a fait appel de cette décision. 

La nouvelle station d’épuration

© Fabienne Le Moing / France Télévisions

Depuis 2022, l’entreprise est dans les clous, avec sa nouvelle station d’épuration. Pour preuve, la préfecture du Doubs a permis à la fromagerie d’augmenter son volume de production journalier. 

La journée a commencé par un rendez-vous à l’écart de la fromagerie entre Dominique Voynet, Anthony Poulain, son suppléant, et notre équipe. Comme nous n’étions pas les bienvenus, nous avions programmé de rencontrer Dominique Voynet avant et après la visite. 

« J’ai souhaité rencontrer l’équipe de la fromagerie Monnin parce que je sais qu’elle a été condamnée pour pollution, qu’elle a fait appel, que les travaux sont en cours et je voulais discuter avec les responsables de la fromagerie pour voir dans quel état d’esprit ils sont, comment ils ont décidé de relever les manches après cette condamnation pour répondre à la fois aux injonctions de la justice et aux attentes de la population », précise Dominique Voynet, députée du groupe écologiste et social du Doubs, au micro d’Emmanuel Rivallain.

Tour à tour, on peut sentir l’obligation d’être radical quand on a l’impression que ça ne bouge pas et à d’autres moments, on privilégie le dialogue parce que c’est aussi ça qui permet à chacun de sauver la face.

Dominique Voynet, députée du groupe écologiste et social du Doubs

Nous les avons laissés partir en direction de la fromagerie, attendant patiemment leur sortie. Un peu plus tard, les choses se sont détendues. Après une discussion entre la députée écologiste Dominique Voynet et la famille Monnin, chacun a vu l’intérêt de nous ouvrir les portes. Nous pouvions envisager un tournage. Pas à l’intérieur de la fromagerie mais une fois les visiteurs dehors. 

Tout en marchant jusqu’à la nouvelle station d’épuration, Jérôme Monnin nous explique le pourquoi des anciennes pollutions. Un système de pompe immergée permettait des rejets de boue. Des rejets liquides, résidus de lavage de cuve. Ils étaient alors déversés en pleine nature jusque dans un ruisseau. La couleur rouge de l’écoulement était due au chlorure ferrique qui permettait de réduire le taux de phosphore de l’eau.

L’ancienne station datait de 2005. On ne peut pas comparer avec une station de 2022. Ça s’est fini, on n’en parle plus. Aujourd’hui, 100% des eaux passent dans la station d’épuration.

Jérôme Monnin, directeur de la fromagerie

Jérôme Monnin est tellement sûr de sa nouvelle installation qu’il souhaite faire boire l’eau en sortie de station d’épuration à Dominique Voynet. Elle décline poliment. On constate que l’eau y est claire et propre.  

On sent qu’un tournant a été opéré par le gérant de l’entreprise. La philosophie a bien changé. « On est en train de travailler pour l’avenir. J’ai deux enfants qui vont reprendre l’entreprise. Aujourd’hui, c’est 1300 m² de panneaux solaires, un dossier C2E pour récupérer les calories des groupes froids pour chauffer les locaux sociaux, un arrêt de l’énergie fossile du pétrole pour passer sur du gaz naturel. Certes on a eu un passé mais il faut arrêter avec ce passé et on va de l’avant », explique Jérôme Monnin, directeur de la fromagerie.

Des travaux de rénovation sont en cours dans l’entreprise Monnin

© Fabienne Le Moing / France Télévisions

Pour Dominique Voynet, tout le monde sort gagnant de cette visite. Elle a constaté la volonté de la famille Monnin, les gestionnaires actuels et aussi les enfants, de surmonter les problèmes rencontrés et de bien faire. « Pour être bien compris par l’environnement humain et par le territoire, il faut être impeccable du point de vue environnemental et impeccable au niveau de la qualité des produits », insiste Dominique Voynet, députée du Doubs.

La fromagerie avait été condamnée à 70 000 euros d’amende. Elle a fait appel de cette décision. Au vu de leurs efforts, les propriétaires de la fromagerie Monnin espèrent sans doute un peu de clémence. 



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Artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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