« Nous alertons depuis janvier, mais nous ne sommes pas entendus » Mouvement de grève dans les Ehpad de Nérac
Si la sortie de terre du nouvel Ehpad des Violettes est une bonne nouvelle, la réorganisation qu’il va provoquer a poussé l‘intersyndicale a déposé un préavis de grève pour peser davantage dans les négociations avec la direction du centre hospitalier Agen-Nérac.
« Déshabiller un service pour habiller l’autre ». C’est ce que fustige l’intersyndicale (FO, CGT, CFDT et Unsa) du centre hospitalier Agen-Nérac qui a déposé un préavis de grève qui a débuté le 6 mai dernier. En cause, la réorganisation induite par l’ouverture du nouvel Ehpad des Violettes, le 10 juin, proche de l’ancienne gare de Nérac.
Six agents pour 44 résidents
Ce nouveau bâtiment va accueillir les pensionnaires de l’ancienne structure, plus dix résidents de celui des Marguerites, permettant d’en finir avec les chambres doubles. Cela va s’accompagner de personnels soignants qui vont eux aussi déménager. « Aujourd’hui, aux Marguerites, il y a 11 agents par jour pour 54 résidents. C’est déjà tendu. La direction veut désormais déplacer cinq agents vers les Violettes, laissant donc six aides-soignants pour 44 résidents aux Marguerites. »
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Une situation que dénoncent les syndicats unanimement. « Bien que certains patients très dépendants vont intégrer la nouvelle structure, cela va être très dur pour le personnel des Marguerites. On met les agents et les résidents en danger. Nous avons alerté sur ce point depuis janvier, mais nous ne sommes pas entendus. Le personnel s’était beaucoup investi pour partir sur de nouvelles relations avec la direction. Et là… D’où cette grève. »
Si le problème de fond reste le manque global de personnel, selon les syndicats, la direction du Chan s’appuie sur des arguments pour justifier cette nouvelle répartition des aides-soignants dans les Ehpad. « Lorsque la création du nouveau bâtiment a été décidée, ils avaient prévenu qu’il n’y aurait pas de hausse du personnel. Ils s’appuient également sur le fait qu’à l’Ehpad des Capucines, il y a six agents pour 42 résidents. Enfin, on nous dit que les agents doivent revoir leurs pratiques professionnelles. »
Les chaises de jardin
Les négociations sont toujours en cours entre syndicats et direction, « bien que nous n’ayons qu’un avis consultatif », souligne l’intersyndicale. Rien n’est officiel à cette heure. « Le personnel est attaché à la qualité de soins. Avec ces nouvelles dispositions, on ne pourra pas être aussi présents pour les patients… »
À Nérac comme ailleurs, la situation dans le milieu hospitalier est complexe, le manque de moyens crispant le personnel en place. « On peine à recruter des médecins ou des infirmiers. Et nous réclamons depuis longtemps du matériel pour l’UHR (unité d’hébergement renforcée) des Myosotis. On en est arrivé au point où, par manque de chaises, on assoit les résidents dans chaises de jardin en plastique… »
« On a privilégié le dialogue en restant plutôt pacifique, conclut les représentants de l’intersyndicale. On aurait pu être plus rentre-dedans. Mais s’il faut en arriver à une manifestation… »
« Maltraitance institutionnelle »
Pour les syndicats, ce cas précis est un exemple de « maltraitance institutionnelle ». Dans ce combat, ils peuvent compter sur le soutien des médecins. « On ressent vraiment cela », abonde le docteur Patrick Dezou, qui cite deux exemples : « l’hôpital nous a envoyé une personne, « validée » pour intégrer un Ehpad, mais qui est décédée deux jours après. Ou, à l’inverse, une autre personne donnée peu dépendante. En fait, il souffrait d’une fracture du sacrum. On l’a soigné et il vit aujourd’hui très bien chez lui. »
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