Dans le tumulte de la vie de quartier, il arrive parfois que l’on s’égare. Perdre pied à force de vouloir imiter une minorité désirant s’affranchir un peu trop de la légalité ou simplement s’éloigner du système. Alors, pour redonner du sens et des valeurs à ces âmes perdues, les anciens militaires blessés de guerre de la fondation Résilience ont accueilli, le temps d’un stage d’une semaine, neuf jeunes du quartier fréjusien de la Gabelle. Neuf volontaires, en quête de sens, de cadre, de valeurs aussi.
Geoffrey Hodicq président et fondateur de la fondation Résilience a été blessé en opération extérieure en Afghanistan en février 2011. « J’ai servi pendant 18 ans au sein de l’institution militaire, et je cherchais une façon de continuer à servir mon pays. Je me suis formé dans le civil avec un diplôme d’éducateur sportif, et à l’accueil des publics ayant des difficultés pour transmettre les connaissances que j’avais acquises, notamment en pleine nature. Remettre l’humain au centre des choses, s’écarter des écrans et ressortir avec une meilleure version de soi-même, se surpasser en situation difficile. La force du collectif est primordiale. Le but n’est pas de les recruter, mais de leur partager notre pédagogie militaire très spécifique, qui repose sur l’humain avant tout en écartant totalement les aspects politiques, religieux et philosophiques. »
Atelier secourisme en situation dégradée, randonnée en brancardant un camarade, monter un camp de bivouac autour d’un temps d’échange. Transmettre un contenu qui redonne un sentiment d’utilité à la société à un individu vivant à la marge, un regain de motivation aussi. Et en quelques jours, l’irrévérence de posture laisse place à un rapprochement des valeurs républicaines, au travers du témoignage des militaires blessés, eux aussi cabossés par la vie.
Apport mutuel
Pour ces anciens militaires, dont la vie était vouée à servir sous les drapeaux, par amour profond de la patrie, le retour à la vie civile est parfois un déchirement. Intégrer la fondation Résilience, c’est aussi donner du sens, trouver une façon de servir le pays autrement, voire se saisir d’une bouée de sauvetage.
Depuis un mois, David, ancien caporal-chef dans le corps des troupes de marine a retrouvé un but. «J’ai fait de nombreuses missions extérieures, dont la Yougoslavie et la guerre du Golfe. Suite à un syndrome post-traumatique, j’ai pris la pente descendante, et suis tombé dans l’alcoolisme avant de me retrouver à la rue. Un jour, j’en ai eu marre et j’ai cessé de boire.»
Avant d’ajouter : «Mon ancien chef de corps apprend ce qui m’est arrivé et vient me voir dans le parc où je zonais à Lyon. Il me savait amoureux des animaux et m’a parlé de la fondation Résilience où j’ai pu m’occuper de chiens, de chèvres, je les nourris chaque matin et ça me fait souffler. Comme j’aime cuisiner, je fais à manger pour mes camarades blessés et pour les petits jeunes. Ça redonne un sens à ma vie. En un mois, j’ai repris 10 kg, sans la fondation, je pense que je ne serais plus là ! » souffle l’ancien militaire, une lueur de reconnaissance dans le regard. Se reconstruire, une fois l’arme à l’étui, par amour de la jeunesse, avenir de la patrie.
