Ces communes interdisent le protoxyde d’azote : pourquoi ce n’est pas forcément la meilleure des solutions ?
Mise à jour le 2025-09-25 11:00:00 : Les maires de Colmar et Barr interdisent la consommation de protoxyde d’azote. Cette décision suscite des débats parmi les experts.
La consommation de protoxyde d’azote ne cesse encore aujourd’hui d’augmenter, surtout chez les plus jeunes. Plusieurs communes d’Alsace ont décidé au début du mois de septembre 2025 de prendre des arrêtés municipaux interdisant sa consommation et sa détention sur le territoire. C’est notamment le cas de la ville de Colmar (Haut-Rhin) et Barr (Bas-Rhin). À Mulhouse, une décision similaire avait déjà été prise depuis 2020. Le protoxyde d’azote est notamment utilisé dans les siphons de chantilly, mais depuis quelques années son usage est détourné. Ce gaz « hilarant » est alors utilisé comme une drogue.
Cet arrêté municipal vient compléter une « carence législative » selon Nicolas Grayer, directeur du service prévention et sécurité à la ville de Mulhouse. Aujourd’hui, la vente de bonbonne de protoxyde d’azote est interdite aux mineurs, ainsi que dans les débits de boissons et de tabac. Néanmoins le produit est disponible sur internet ou dans les supermarchés.
Si les communes ont pris cette décision, c’est en premier lieu pour une question de salubrité publique. « On a un centre de valorisation des déchets et depuis quelques mois, plusieurs bonbonnes ont explosé ce qui provoque l’arrêt des fours et abime les machines. Ça entraîne de grosses réparations et impacte notre réseau de chaleur » explique le maire de Colmar, Eric Straumann (LR).
À Barr, ce sont les nuisances sonores provoquées par les jeunes qui ont poussé l’édile à réagir : « Un collectif d’habitants s’est créé en raison d’incivilités répétées, alors l’arrêté nous permet de verbaliser et de gérer un peu mieux la tranquillité publique » précise Nathalie Kaltenbach (LR).
C’est aussi l’occasion de rappeler que ça a des conséquences. Ça permet de faire de la prévention et de la sensibilisation.
Nathalie KaltenbachMaire de Brann (LR)
La volonté des maires est également de mettre en avant les dangers de l’utilisation du protoxyde d’azote. « Tous les jeunes veulent tester, mais ils ne se rendent pas compte qu’il suffit d’une fois de trop, ça devient un phénomène de mode » déplore l’édile de Barr.
« La verbalisation permet de créer une alerte, peut-être qu’en montrant que c’est interdit ça dissuadera certains jeunes » affirme Nicolas Grayer. Depuis l’instauration de l’arrêté à Mulhouse, une dizaine de jeunes sont verbalisés chaque année, mais « le flagrant délit est rare » concède le directeur du service prévention et sécurité. « Au regard du risque immédiat et de la dangerosité du produit, je trouve que ces arrêtés ont du sens. Ils permettent d’alerter sur les risques de ce produit », souligne le docteur Jean-Philippe Lang, président du centre d’information et de ressources sur les drogues et les dépendances d’Alsace.
Si ces arrêtés municipaux semblent être une réponse adaptée à la problématique selon les décideurs politiques, plusieurs médecins et addictologues ne partagent pas de cet avis. À Strasbourg, Alexandre Feltz, adjoint à la santé publique de la ville et médecin généraliste ne voit pas l’utilité d’une telle mesure. « On sait que l’interdiction peut sembler la solution la plus simple, mais elle n’est jamais efficace en termes de santé et de sécurité publique » assure-t-il.
Très vite, l’élu local fait le parallèle avec la prohibition, instaurée aux Etats-Unis dans les années 1920 ou la législation française sur le cannabis. « En France, on a l’une des politiques les plus coercitives à ce sujet, pourtant on est l’un des pays où les jeunes consomment le plus et le plus tôt » détaille le médecin.
Interdire un produit a des effets délétères sur la santé publique.
Alexandre FeltzAdjoint santé publique à Strasbourg et médecin généraliste
Nicolas Geng, addictologue au centre hospitalier de Haguenau (Bas-Rhin) partage cet avis : « L’interdiction n’a jamais marché pour quoi que ce soit. Si les consommateurs veulent vraiment en prendre, ils en prendront ailleurs » abonde-t-il. Selon les deux médecins, la solution réelle repose sur la sensibilisation et la prévention. « Il faut accompagner les personnes pour qu’elles consomment dans des situations moins dangereuses » certifie Alexandre Feltz.
En raison de l’augmentation de la consommation du protoxyde d’azote, la réponse à apporter est, selon eux, la création de campagnes de sensibilisation nationales claires : « Il faut qu’elles soient diffusées sur les réseaux sociaux, et adaptés aux jeunes, car ce sont eux les principaux concernés » affirme le docteur Geng.
En 2023, les signalements liés à la consommation de protoxyde d’azote enregistrés par les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance ont augmenté de 30% par rapport à 2022. Le 29 janvier 2025, un projet de loi interdisant la vente de protoxyde d’azote aux particuliers a été adopté en première lecture et devra désormais être présenté au Sénat.
Ce qu’il faut savoir
- Le fait : Plusieurs communes d’Alsace interdisent la consommation de protoxyde d’azote.
- Qui est concerné : Les jeunes et les habitants des communes concernées.
- Quand : Septembre 2025.
- Où : Colmar et Barr, Alsace.
Chiffres clés
- Augmentation de 30% des signalements liés à la consommation en 2023 par rapport à 2022.
Concrètement, pour vous
- Ce qui change : Interdiction de consommation et détention de protoxyde d’azote.
Contexte
Les arrêtés municipaux visent à répondre à une problématique de santé publique et de sécurité, en raison de l’augmentation de la consommation de protoxyde d’azote, particulièrement chez les jeunes.
Sources
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Date de publication : 2025-09-25 11:00:00
Auteur : Cédric Balcon-Hermand – Consulter sa biographie, ses projets et son travail. Article vérifié, recoupé, reformulé et enrichi selon la ligne éditoriale Artia13, sans reprise d’éléments protégés.
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