Cité de la gastronomie : plus de 5,5 millions d’euros détournés ? La Ville porte plainte pour « dénonciation calomnieuse »
Début mai, le conseiller municipal d’opposition Emmanuel Bichot accusait la métropole et la Ville de Dijon (Côte-d’Or) de détournements de fonds publics pour la construction de la Cité internationale de la gastronomie et du vin. Vendredi 16 mai, une plainte a été déposée contre le président d’Agir pour Dijon pour « dénonciation calomnieuse »
Y a-t-il eu détournement de fonds public pendant la construction de la Cité de la gastronomie à Dijon ? C’est ce qu’affirme Emmanuel Bichot, conseiller municipal d’opposition. Il accuse la métropole et la Ville, dans un long dossier de 40 pages, d’avoir payé deux fois pour les mêmes travaux de voirie réalisés par le groupe Eiffage. Le montant s’élève à plus de 5,5 millions d’euros. En retour, la Ville et la Métropole ont confirmé porter plainte commune pour « dénonciation calomnieuse. »
L’affaire remonte à janvier 2016, lorsque la ville de Dijon achète au CHU le terrain de l’ancien hôpital général. « Cette vente s’est faite en tenant compte d’une chose : Eiffage prend à sa charge l’aménagement des voies et espaces communs […] puis les rétrocède à la métropole« , argumente Emmanuel Bichot. La métropole a alors baissé le prix du terrain à 8 millions d’euros.
Le plan de la Cité de la Gastronomie, sur le site de l’ancien hôpital général à Dijon
•
© Béchu architecture / ville de Dijon
Une réduction dont va bénéficier la métropole, car elle ne doit pas aménager les « esplanades, placettes et chemins » devant la Cité. Sauf que la promesse de vente comporte une clause qui « stipule qu’une convention devrait être signée avec un remboursement au prix coûtant des travaux de voirie », d’après Emmanuel Bichot.
« En clair, on baisse le prix de vente de l’hôpital, et on rembourse Eiffage pour l’aménagement. On paie donc deux fois pour la même voirie ! »
Emmanuel Bichotprésident d’Agir pour Dijon
Face à ces accusations, nous avions sollicité François Rebsamen le jeudi 9 mai, à l’occasion des commémorations. L’actuel ministre de l’Aménagement du territoire n’a préféré pas répondre à nos questions.
L’ancien maire de Dijon ne s’est toutefois pas privé de tacler le conseiller municipal d’opposition. « M. Bichot fait ce qu’il a à faire dans son coin. Il est train de diffamer en permanence, je ne vais pas répondre à ses questions. C’est un conseiller municipal qui n’arrête pas de diffamer sa propre ville. Enfin, c’est vrai qu’il n’y habite pas. J’avais oublié, c’est un Parisien.«
Francois Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation.
•
© VINCENT ISORE / MAXPPP
L’affaire, elle, est loin d’être terminée. ANTICOR, une association qui lutte contre la corruption et se bat pour l’éthique en politique, est également sur le dossier. « Ça nous paraît très sérieux, avec assez de preuves », confirme Michel C, référent ANTICOR21. Pour rappel, le détournement de fonds publics est puni d’un million d’euros d’amende et de dix ans d’emprisonnement.
Auteur : Nicolas Da Silva
Aller à la source