Huawei au Parlement européen : le parquet belge demande la levée des immunités de plusieurs eurodéputés – Euractiv FR
Le parquet fédéral belge a demandé au Parlement européen de lever les immunités de plusieurs eurodéputés dans le cadre d’une enquête portant sur des tentatives d’influence et de corruption de la part de l’entreprise chinoise Huawei.
Les autorités soupçonnent le géant des télécommunications d’avoir utilisé des cadeaux, des billets de match de foot, des voyages luxueux, voire de l’argent liquide, pour exercer de l’influence à Bruxelles, notamment pour inciter des eurodéputés à rédiger une lettre sur la mise en œuvre du marché de la 5G en Europe.
Cette enquête a encore érodé la crédibilité du Parlement européen, déjà entamée par le scandale de corruption du « Qatargate ».
Les responsables politiques visés par l’enquête et la société chinoise nient tout acte répréhensible.
Trois eurodéputés ont confirmé être concernés par la demande de levée d’immunités du parquet belge : l’Italien Salvatore De Meo (Parti populaire européen, PPE), le Maltais Daniel Attard (Socialistes et Démocrates européens, S&D) et le Bulgare Nikola Minchev (Renew). Tous affirment, comme Huawei, n’avoir commis aucun acte répréhensible.
Salvatore De Meo a confirmé à Euractiv qu’il faisait partie des eurodéputés visés par la demande de levée d’immunité.
« Dans mon cas, il s’agit d’une réunion sociale, non organisée par Huawei, qui s’est tenue à l’extérieur du Parlement européen, où des représentants de Huawei étaient prétendument présents », a expliqué l’eurodéputé italien.
« Je n’ai jamais pris position en faveur de Huawei, que ce soit en signant des lettres, en soumettant des amendements ou en exerçant une quelconque activité législative attribuable à leurs intérêts », a-t-il poursuivi.
De son côté, Daniel Attard a précisé sur Facebook lundi 19 mai que le parquet belge voulait des clarifications sur sa présence à un match de l’Europa League à Bruxelles en septembre dernier, auquel il s’était rendu grâce à des billets fournis par Huawei. Il a déclaré qu’il ne savait initialement pas que les billets pour le match d’Anderlecht provenaient de Huawei.
« Il est apparu depuis que l’invitation provenait d’une personne qui fait actuellement l’objet d’une enquête par les autorités belges et qui avait l’intention de me parler de Huawei pendant le match », a expliqué Daniel Attard. Cette personne aurait profité de la rencontre sportive pour évoquer Huawei avec lui, et l’eurodéputé l’aurait encore rencontrée plus tard à Strasbourg.
« Je rejette fermement toute implication [dans des] actes répréhensibles », plaide l’eurodéputé Maltais dans une lettre à la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qu’il a également publiée.
Le Bulgare Nikola Minchev a quant à lui déclaré que le parquet belge voulait lever son immunité en raison de ses liens avec son ancien assistant Adam Mouchtar, dont le bureau parlementaire a été mis sous scellés par la police en mars.
« Je voudrais insister sur le fait qu’il n’y a aucune charge ou accusation contre moi », a écrit Nikola Minchev dans une déclaration. Comme Daniel Attard, il a indiqué qu’il a été invité à un match de football d’Anderlecht en octobre dernier, ajoutant que « l’organisateur s’est avéré être l’une des personnes concernées par l’enquête qui a commencé il y a des années ».
Un assistant du député PPE italien Fulvio Martusciello a également été arrêté en mars dans le cadre de l’enquête.
Selon nos informations, les autorités belges cherchent également à obtenir la levée des immunités d’autres eurodéputés.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]
Auteur : Eddy Wax, Nicoletta Ionta
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