Fromage, cognac, plastique… la Chine multiplie les surtaxes douanières contre l’Europe
Jusqu’à 75 %. Voilà jusqu’où pourraient grimper les droits de douane annoncés par la Chine ce lundi. Pékin a, en effet, dégainé une nouvelle mesure antidumping ciblant les importations de plastique industriel.
Officiellement motivée par une enquête antidumping ouverte le 19 mai 2024, la mesure vise le copolymère de polyformaldéhyde, un plastique clé pour l’automobile, les dispositifs médicaux et l’électroménager. Une riposte qui, sans être inédite, confirme la posture offensive de Pékin dans ses échanges commerciaux.
Cette surtaxe imposée sur le plastique industriel par la Chine apparaît comme un nouveau levier de pression sur Washington et Bruxelles. Elle intervient, en effet, à peine quelques jours après la trêve de 90 jours conclue le 14 mai entre les États-Unis et la Chine, destinée à suspendre temporairement les droits de douane entre les deux pays. Et alors que l’Union européenne accélère sa réforme douanière visant à taxer les petits colis des géants chinois de l’e-commerce.
Mais ce n’est pas la première fois que Pékin riposte. Le régime chinois utilise régulièrement les enquêtes antidumping comme outil de pression dans ses différends commerciaux. Bruxelles est d’ailleurs dans le viseur de Pékin depuis plusieurs mois. Retour sur les principales menaces commerciales de la Chine contre l’Union européenne ➡️
🥩Juin 2024 : menaces chinoises sur la viande de porc
Le 17 juin 2024, une enquête antidumping chinoise a été lancée concernant les importations de porc et de produits porcins en provenance de l’UE, principalement d’Espagne, de France, des Pays-Bas et du Danemark.
La riposte de Pékin est intervenue cinq jours seulement après que la Commission européenne avait menacé d’augmenter jusqu’à 38 % les taxes douanières sur les véhicules électriques chinois. Un signe de riposte aux subventions publiques de Pékin à son industrie automobile. D’autant que, ces dernières années, les voitures électriques fabriquées en Chine se sont rapidement imposées sur le marché européen, leur part de marché grimpant de 1,9 % en 2020 à 14,1 % au deuxième trimestre 2024.
La Chine avait immédiatement dénoncé la décision européenne la qualifiant de « comportement purement protectionniste ».
🧀Août 2024 : menaces chinoises sur les produits laitiers
Pour accentuer la pression sur Bruxelles et tenter de faire annuler la taxation des véhicules électriques chinoise prévue pour le 31 octobre 2024, Pékin a lancé en août une enquête antidumping visant plusieurs produits laitiers européens. La Chine constitue, en effet, le huitième marché d’exportation de fromage pour l’UE (1,7 milliard d’euros de produits laitiers y ont été exportés en 2023).
Ce n’est pas un hasard si la Chine a ciblé certains produits laitiers spécifiques, comme les fromages ou crèmes à plus de 10 % de matière grasse. Par cette mesure, elle exerce une pression sur les pays européens pour lesquels ces produits laitiers représentent une part importante des exportations, notamment la France et les Pays-Bas qui sont respectivement les troisièmes et quatrième exportateur de fromage vers la Chine.
🥃 Le cognac français toujours sous la menace chinoise
Mi-octobre 2024, c’est au tour du cognac de se retrouver dans la tourmente. La Chine impose désormais aux importateurs de cette eau-de-vie à base vin de déposer une caution ou une lettre de garantie bancaire auprès des douanes chinoises, ce qui a considérablement ralenti le commerce de ces produits vers la Chine. Et les principaux touchés sont les producteurs français : 97 % des exportations européennes de spiritueux à base de raisin à destination de la Chine proviennent de France. En outre, la Chine constitue le second marché du cognac français. Une décision qui découle de l’enquête antidumping sur les importations de brandys et de cognac en provenance de l’UE lancée par Pékin en janvier 2024.
Sans compter que la Chine fait également planer le doute d’une surtaxe aux frontières de 34 % pour le cognac et l’armagnac, qui viendrait miner le commerce des producteurs français.
Néanmoins, fin mars, le pays a consenti à repousser jusqu’au 5 juillet prochain, une application définitive de droits de douane supplémentaires de 34 % sur ces alcools. Mais les négociations qui se sont tenues jeudi 15 mai entre Paris et Pékin pour annuler purement et simplement la surtaxe chinoise n’ont pas abouti à une solution définitive. Éric Lombard, ministre de l’Économie, s’est toutefois montré optimiste à l’issue des négociations, affirmant que « la discussion restait ouverte ».
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