Engie mise sur le sous-sol pour sécuriser l’hydrogène de demain
Le 15 septembre 2023, sur le site d’Étrez, dans l’Ain, Engie a officiellement lancé HyPSTER, le tout premier démonstrateur de stockage d’hydrogène renouvelable en cavité saline. Porté par Storengy, sa filiale spécialisée dans le stockage souterrain de gaz, ce projet vise une ambition claire, rendre possible le stockage massif d’hydrogène vert, enjeu capital pour la transition énergétique.
Hydrogène : la cavité saline, un pari industriel pour Engie
L’hydrogène est présenté comme le carburant vert de demain. Léger, propre, et capable de stocker l’électricité renouvelable, il souffre pourtant d’un talon d’Achille majeur : son stockage. C’est là qu’intervient HyPSTER, pour Hydrogen Pilot STorage for large Ecosystem Replication. Derrière ce nom à rallonge, un concept aussi simple qu’audacieux : injecter de l’hydrogène dans une cavité saline souterraine, pour le retirer ensuite à la demande. Sur le site d’Étrez, l’expérience a commencé fin 2024.
Trois tonnes d’hydrogène ont été injectées dans une ancienne cavité de stockage de gaz, à 800 mètres sous la surface. Un ballet technique de cent cycles d’injection et de soutirage s’est déroulé sur quatre mois. Le verdict ? « On a fait la démonstration qu’il était possible de stocker de l’hydrogène dans une cavité saline », déclare Mylène Poitou, directrice adjointe des projets industriels chez Storengy dans des propos rapportés par BFMTV. Le coût total du programme atteint 15,5 millions d’euros, dont un tiers financé par l’Union européenne. De quoi faire saliver l’industrie, mais aussi poser de sérieuses questions sur la rentabilité à long terme.
L’hydrogène, nouveau locataire des poches de sel
Pourquoi choisir les cavités salines plutôt qu’un autre support ? La réponse tient en un mot : réactivité. Ces poches naturelles de sel offrent une étanchéité exceptionnelle, un contrôle précis des pressions, et une capacité à réagir rapidement à la demande. « C’est une utilisation qui est très différente, et la cavité saline s’y prête », affirme Charlotte Roule, vice-présidente hydrogène d’Engie, dans des propos rapportés par BFMTV. Contrairement aux réservoirs poreux de roche, les cavités salines permettent un « stockage rapide », un impératif à l’heure où les pics de consommation énergétique deviennent la norme.
Et comme ces cavités sont multiples, leur gestion modulaire s’adapte mieux à une consommation intermittente. Ce stockage décentralisé pourrait bien être le chaînon manquant entre les électrolyseurs, gros consommateurs d’électricité, et un réseau électrique surchargé. Car en cas de tension sur le réseau, les producteurs d’hydrogène devront savoir s’effacer temporairement, tout en garantissant la livraison à leurs clients. C’est ici que le stockage prend tout son sens.
Une stratégie à long terme ou une impasse réglementaire ?
Engie ne s’en cache pas, il s’agit d’un coup d’avance. Le marché de l’hydrogène devrait exploser d’ici 2035, avec une demande de stockage en forte progression. L’énergéticien entend convertir progressivement ses infrastructures gazières pour répondre à cet enjeu. « Le besoin en stockage d’hydrogène va être extrêmement important à l’horizon 2035 », assure Charlotte Roule sur BFMTV. Mais cette avancée technologique ne suffira pas. « Il faut absolument minimiser les coûts. Tout le travail qu’on fait vise à diminuer au maximum le coût », insiste-t-elle.
Le prix de l’hydrogène renouvelable reste trop élevé pour une adoption massive. Autre obstacle, l’absence d’un cadre réglementaire clair. « Il faut une clarification de l’encadrement du stockage d’hydrogène », martèle Engie. Une législation européenne est espérée d’ici 2032-2033. Mais dans l’intervalle, les industriels avancent à tâtons. L’Europe veut croire à l’hydrogène comme vecteur d’indépendance énergétique, mais sans règles, point de marché.
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Auteur : Stéphanie Haerts
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