Cet été, les Américains pourraient être plus impactés par la hausse des prix des glaces que les Européens | Le Grand Continent

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le prix des glaces n’augmente pas nécessairement à l’approche de l’été. Selon un article publié en 2016 dans l’International Journal of Industrial Organization, c’est même plutôt le phénomène inverse qui se produit.

• Lors de pics de demande exogène (notamment l’envie accrue de glaces lorsque les températures augmentent), les consommateurs sont plus sensibles à la hausse des prix et se tournent davantage vers des produits moins chers.
• Les producteurs et les distributeurs ont quant à eux tendance à baisser leurs prix afin d’attirer plus de clients : c’est la stratégie dite du produit d’appel (loss leader).
• L’augmentation des élasticités croisées entre produits contribue à la hausse de la part de marché des produits bas de gamme, ce qui conduit à faire baisser les prix ¹.

Cet été, le marché des glaces pourrait toutefois être perturbé par une forte augmentation du prix des produits utilisés pour leur fabrication.

• L’huile de coco, un intrant largement utilisé dans les processus industriels afin de retarder la fonte de la glace (notamment pour les bâtonnets glacés enrobés), a dépassé les 2 400 € sur le marché européen.
• Dans le même temps, les ingrédients utilisés pour la fabrication des parfums les plus consommés — de la vanille au chocolat, en passant par le café — ont eux aussi vu leurs prix exploser depuis 2024.
• Après avoir atteint un prix record de près de 13 000 dollars par tonne à New York en décembre, le cacao semble repartir à la hausse et se trouve aujourd’hui aux alentours de 10 000 dollars par tonne.

La hausse du prix de ces matières premières est liée aux mêmes principaux facteurs : de mauvaises conditions météorologiques qui ont considérablement affecté les récoltes ces dernières années, et la volonté des géants de l’industrie agroalimentaire de maintenir leurs marges de bénéfice plutôt que d’absorber une partie de la hausse des coûts. La promotion par les influenceurs de produits de beauté à base d’huile de coco contribue également à la flambée de la demande — et donc des prix ².

• Si les producteurs de glaces industrielles sont susceptibles de répercuter ces hausses de prix sur leurs produits, l’Europe pourrait toutefois moins souffrir de cette glaceflation en raison de ses habitudes de consommation.
• L’huile de coco, largement utilisée pour la fabrication de glace aux États-Unis, notamment en raison de ses propriétés, de son goût neutre et de son coût plus faible que d’autres matières grasses laitières (crème et beurre), est bien moins utilisée dans les glaces européennes.
• Tandis que l’huile de coco est souvent plébiscitée pour la fabrication de glaces vegan en substitut de graisses d’origine animale, les glaces fabriquées par des artisans ne comportent pas d’huile de coco — à l’inverse de marques populaires que l’on retrouve dans la plupart des supermarchés européens.

La hausse des prix des glaces aux États-Unis pourrait par ailleurs être exacerbée par les tarifs mis en place par Donald Trump : la Côte d’Ivoire, premier producteur au monde de fèves de cacao, avait initialement été visé par un taux de 21 % — soit plus que les pays membres de l’Union (20 %). Le géant américain de la confiserie Hershey’s a fait savoir le 1er mai qu’il « collaborait » avec la Maison-Blanche afin d’obtenir une exemption pour le cacao, qui ne peut pas être cultivé aux États-Unis ³.