Au Domaine de Mirabeau, la bergerie incarne un modèle d’agroécologie
Entre élevage, biodiversité et formation, ce projet incarne une nouvelle manière d’habiter et de cultiver un territoire.
L’inauguration de la bergerie avait une saveur particulière pour le maire Jacques Martinier (DVD), mercredi 7 mai. Une journée « historique », pour reprendre ses mots. Un peu plus de vingt ans en arrière, un centre d’enfouissement des déchets sur 38 hectares était envisagé à l’endroit même où se trouve le Domaine de Mirabeau.
De 2004 à 2011, la municipalité de Fabrègues, les habitants, ceux des villages voisins et l’association des Gardiens de la Gardiole ont lutté contre ce projet « monstrueux » qui allait « pourrir les terres et l’air » des communes. « Nous avons mené un combat d’arrache-pied pendant sept ans, on a manifesté à Montpellier, c’était un moment de cohésion pour les Fabréguois qui se sont mobilisés », se souvient le maire, en poste depuis 2001.
Des animaux dans 650 m2
Depuis, il y a ici « une véritable conquête de la biodiversité », souligne l’architecte de la bergerie, Alexandre Sénac. Le bâtiment principal, entièrement réhabilité, a été agrandi avec deux extensions latérales en bois. Il abrite un logement de 100 m2 pour le futur berger, ainsi qu’un local technique dédié à la transformation du lait ou de la viande. En rez-de-chaussée, les moutons, les ovins et les caprins logeront dans 650 m2. Le projet ambitionne d’associer à terme entre 250 et 350 animaux, en fonction du profil de l’éleveur qui sera sélectionné cet été pour une installation prévue à l’automne.
Pensée comme un lieu exemplaire en matière d’environnement, la bergerie a été conçue selon les principes du label Bâtiments Durables Occitanie (matériaux biosourcés, isolants à base de chanvre, laine de bois…) pour allier performance écologique et intégration paysagère. Même la faune a été prise en compte, avec des niches aménagées dans les murs pour accueillir les lézards et les oiseaux. « Il fallait leur redonner leur place après les travaux qui les ont fait fuir », ajoute l’architecte installé à Montpellier.
Ce bâtiment n’est que la première pierre d’un vaste pôle agroécologique porté par le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie. « Notre objectif, c’est la préservation de la biodiversité. Et cela passe aussi par les moutons« , affirme son président Arnaud Martin. « L’élevage est une composante essentielle du pôle agroécologique : pour le lait, la viande, mais aussi le fumier. » Pour Aude Langlais, chargée de projet, il s’agit de « reconstituer un système de polyculture-élevage et de maintenir des pelouses ouvertes méditerranéennes ». Une ambition qui, vingt ans après un combat contre les déchets, fait aujourd’hui de Mirabeau un territoire modèle.
Les collectivités ont contribué au projet
L’ensemble bénéficie d’un soutien financier public et privé conséquent : près de 4 millions d’euros, dont 1,2 M€ pour la seule bergerie. Parmi les financeurs : la Métropole de Montpellier (350 000 €), la Région Occitanie (300 000 €), le Département de l’Hérault (131 000 €), la Fondation du patrimoine (300 000 €), la Fondation de France (140 000 €), et d’autres partenaires privés, portant les subventions à 80 % du total, la commune de Fabrègues assurant les 20 % restant.