« Il n’y a jamais de sanctions à la hauteur de ce problème » : pourquoi l’homophobie gangrène toujours les stades de foot – L’Humanité
Mostafa Mohamed, joueur du FC Nantes, club qui jouait samedi 17 mai sa place pour rester en Ligue 1, n’a donc pas participé à la rencontre entre son club et Montpellier. Cette dernière journée de championnat qui était placé sous le signe de la lutte contre l’homophobie, a encore été entachée par le refus de certains professionnels de participer à cette journée. L’attaquant égyptien qui assume sa décision, avait déjà boycotté celles de 2023 et 2024.
Il a donc été encore sanctionné par son club. La somme on ne la connaît pas. Lors de cette ultime soirée de Ligue 1, le Serbe Nemanja Matic qui évolue à l’Olympique Lyonnais s’est, lui aussi, distingué dans le mauvais sens du terme, en posant un strap sur l’écusson aux couleurs LGBT+. L’an dernier, c’est l’ancien joueur de Monaco Mohamed Camara qui avait fait la même chose, puis refuser de prendre part à la photo d’avant-match.
Les supposés efforts des instances dirigeantes
L’homophobie dans le football professionnel en France est donc loin d’avoir été circonscrite malgré les supposés efforts des instances dirigeantes. Vincent Labrune, président de la Ligue de Football Professionnel a beau rabâcher : « Le football professionnel a le devoir de s’élever contre toutes les formes de discrimination… Nous affirmons avec force que l’homophobie n’a pas sa place dans nos stades, ni dans notre société. La Ligue et les clubs unissent leurs voix pour porter un message clair : le football est un sport de partage, de respect et d’inclusion », il faut croire que cela ne suffit pas.
Il a beau, chiffres à l’appui, démontrer que la Ligue agit contre toutes formes de manifestations homophobes – lors de la saison 2024/205, 107 amendes pour un montant total de 229 000 euros ont été infligées et 3 fermetures de tribune ou de stade, ont été actées — on est loin du compte.
« À chaque journée de championnat, explique Julien Pontes du collectif Rouge Direct, on relève des vidéos de chants homophobes dans les stades. Il n’y a jamais de sanctions à la hauteur de ce problème. La LFP envoie ainsi le signal qu’on peut être ouvertement homophobe. Ce n’est pas le 16 mai qu’il faut se réveiller pour demander aux joueurs de participer à l’opération. Il faudrait travailler six mois avant pour les inviter à porter un message de solidarité. » Pis le porte-parole du groupe qui lutte pied à pied pour que les choses évoluent a découvert en janvier dernier un tag menaçant indirectement son collectif.
Il y a donc un véritable combat à mener qui, au-delà des paroles indignées de la ministre des Sports ou encore du président de la FFF, passe par des sanctions plus fortes mais aussi par l’éducation.
Ouissem Belgacem, passé par le centre de formation de Toulouse entre 2002 et 2007 et qui a révélé son homosexualité puis mis un terme à sa carrière bien avant l’heure, sillonne aujourd’hui la France entière et les centres de formation des clubs pros afin de faire évoluer les mentalités : « J’ai entendu des propos très durs et virulents. Il n’y a pas longtemps, un jeune m’a dit “je déteste tous les gays”. On ne peut pas faire de la communication si on n’a pas fait un travail de fond. Ils sont où les plans de formation et de sensibilisation auprès des joueurs ? Il faut envoyer des formateurs, il faut leur parler », explique-t-il.
Le média que les milliardaires ne peuvent pas s’acheter
Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !
Auteur : Cédric
Aller à la source