SNCF : Jean-Pierre Farandou propose de taxer les camions pour financer le rail
À quelques semaines de son départ, Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF, a jeté une dernière pierre dans la mare gouvernementale, en dénonçant le sous-financement chronique du réseau ferré français et en appelant à des mesures radicales. Dans sa ligne de mire, les camions en transit, les concessions autoroutières, et un modèle de financement jugé à bout de souffle.
SNCF : le cri d’alarme d’un président en fin de mandat
« Il faut prendre les décisions maintenant, on est à un moment critique », a averti Jean-Pierre Farandou sur BFMTV. Et pour cause, sans un sursaut budgétaire, ce sont 4 000 kilomètres de voies ferrées qui seront « abîmées dès 2028, 10 000 en 2032 », menaçant, selon lui, d’entraîner « des pannes, des retards, des ralentissements, un cercle vicieux ».
Le réseau ferré a besoin de 4,5 milliards d’euros par an pour sa maintenance. L’État en prévoit 3 milliards dans le contrat de performance signé avec SNCF Réseau. Le groupe promet, lui, 500 millions supplémentaires. Il manque donc un milliard d’euros, chaque année.
SNCF : taxer les camions, une idée qui fait grincer les dents
Face à cette équation budgétaire insoluble, Jean-Pierre Farandou propose de ressusciter l’écotaxe, cette taxe controversée sur les camions en transit qui avait été abandonnée sous la pression des « bonnets rouges ». Il s’agit, selon lui, d’un levier de financement « non polluant » et de justice fiscale. « La France est un grand pays de transit, ces camions nous traversent, sans faire le plein chez nous, on n’a que les nuisances : ils polluent, ils défoncent les routes, pas les gains », a-t-il martelé. Il s’appuie sur le modèle allemand, où une taxe poids lourd rapporterait 8 milliards d’euros par an.
La comparaison, certes éloquente, est jugée hasardeuse par la Fédération nationale du transport routier (FNTR) : « La proposition de cibler uniquement les camions étrangers est juridiquement inapplicable. Le droit européen impose une égalité de traitement entre les transporteurs : en pratique, ce sont les entreprises françaises qui paieront », dénonce-t-elle dans une réaction furieuse. Même ton chez l’Organisation des Transporteurs Routiers Européens (OTRE), qui rappelle que « le secteur du transport routier français est déjà soumis à plus de 4 milliards d’euros de fiscalité spécifique annuelle ».
SNCF : détourner les revenus des autoroutes, l’autre tabou
Outre la taxation des camions, Jean-Pierre Farandou exhorte l’État à ponctionner une partie des recettes issues des concessions autoroutières. Ces dernières, opérées par des entreprises privées, génèrent environ 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Or, ces contrats arrivent à échéance entre 2031 et 2036. L’idée ? Flécher une portion de ces revenus vers l’entretien du réseau ferroviaire.
Une hypothèse qui inquiète dans les cercles de Bercy, soucieux de préserver l’attractivité des concessions et d’éviter une envolée des tarifs de péage. Le président de la SNCF appelle également à capter une part des recettes futures du système européen d’échange de quotas carbone (ETS), en pleine refonte. À partir de 2027, la France pourrait toucher jusqu’à 5 milliards d’euros annuels, une manne qui pourrait financer « le monde non polluant qu’est le ferroviaire », selon Jean-Pierre Farandou.
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Auteur : Stéphanie Haerts
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